L’environnement paradisiaque de Comporta, à une heure au sud de Lisbonne, avec son atmosphère villageoise, ses plages et ses rizières, a été désigné « les Hamptons portugais » par le New York Times, dû à l’installation de nombreuses figures publiques (Christian Louboutin, Philippe Starck ou Anselm Kiefer). L’histoire du lieu est étroitement liée à celle de l’oligarchie Espirito Santo, propriétaires des 12 500 hectares du domaine, confisqués par la justice en 2014 suite à des affaires de corruption (il appartient désormais au milliardaire français Claude Berda et à Paula Amorim, à la tête d’un groupe énergétique et de l’industrie du liège). La beauté du lieu dans l’estuaire du Sado reste intacte, mais les temps ont changé. La Fondation associée à la propriété cherche depuis 2016 à développer l’économie durable et des activités sociales avec la population locale. C’est dans ce contexte que trois galeries brésiliennes (Sé, Fortes D’Aloia & Gabriel et Luisa Strina) organisent une exposition dans le cinéma de la maison de la culture. Intitulée « Le Chant du bouc », l’exposition est pensée dans une scénographie de l’artiste João Maria Gusmão, en deux actes théâtraux, cherchant à déconstruire l’opposition occidentale entre le dionysiaque et l’apollinien à travers un angle post-colonial emprunté à la culture afro-brésilienne orixá d'Exu et Oxalufã, qui opère un syncrétisme entre ordre et chaos et désacralise le religieux. Derrière les rideaux des œuvres de Anderson Borba, Cildo Meireles, Daniel Fagus Kairoz et João Loureiro évoquent « la mascarade politique brésilienne d’anciens et nouveaux dictateurs », tandis que l’artiste vénézuélien Sheroanawe Hakihiiwe convoque la mémoire de son peuple Yanomami, rejoint par les œuvres de Leonor Antunes, Tonico Lemos Auad, Alexandre da Cunha, Ernesto Neto, Rivane Neuenschwander ou Janaina Tschäpe.
« O Canto do Bode », Fundação Herdada da Comporta, à partir du 22 juin.