Alors que le monde entier se réveille peu à peu d’une année de sidération et que les voyages sont de nouveau possibles, les artistes reprennent petit à petit le chemin des résidences, notamment à l’étranger. Si la plupart n’ont pas cessé de créer, pour beaucoup les résidences et ce qu’elles procurent – la possibilité de concentration, les rencontres, la plongée dans un environnement inconnu ou un contexte d’investigations – ont manqué. En particulier pour celles et ceux dont le travail implique une part importante de recherches, impossibles à conduire à distance. C’est le cas d’Isabelle Giovacchini, qui après une résidence d’un mois à la Villa Médicis à Rome, à l’été 2020, a engagé un projet autour des fouilles archéologiques du lac de Nemi, au sud de la capitale. L’artiste française a bénéficié du programme de résidences « sur mesure » de l’Institut français et pu mener ses recherches sur divers sites, notamment à Milan, qu’elle poursuivra en août et septembre prochains. « C’est formidable car on n’est pas inféodé à un seul lieu, raconte-t-elle. Ce programme permet une grande flexibilité et une grande mobilité, indispensables en cette période. » Et de louer le soutien de l’Institut français, qui « fournit des relais partout dans le monde, fait office de caution auprès des diverses institutions et facilite le pragmatisme ». Si Isabelle Giovacchini souligne les efforts fournis par une équipe « très compréhensive », soumise à « beaucoup de jonglage », elle évoque également le fait d’avoir, grâce aux rencontres qu’elle a pu faire par elle-même, poursuivi ses recherches en combinant diverses aides, notamment une bourse du National Museum of Women in the Arts.
Pensionnaire pour l’année 2019-2020 à la Villa Médicis, Pauline Curnier Jardin raconte ce qu’elle nomme cette « résidence vie » d’une année : « À Rome dès le mois de février 2020, nous ne pouvions plus sortir. C’était particulier car la Villa Médicis est une enclave très privilégiée à ciel ouvert. Tout semblait à l’envers, on avait le sentiment de ne pas être là où il fallait, loin des "gens". » L’artiste a dû changer ses projets, les fêtes et processions qu’elle devait filmer ayant été annulées. « La Villa a décidé de maintenir l’exposition de fin d’année des pensionnaires, en juin, alors que tout était arrêté depuis plusieurs mois et que la résidence n’était pas prolongée. Je ne savais pas quoi montrer… Et puis j’ai décidé d’utiliser les 2000 euros de budget…