Complexités médiévales
Les représentations que nous ont laissés dix siècles d’art médiéval – enluminures, chapiteaux sculptés, sculptures polychromes, textiles liturgiques – nous semblent alternativement très simples à comprendre (comme une Crucifixion) ou, au contraire, pleines d’éléments ésotériques (la symbolique des couleurs et des attributs, par exemple). L’objet de ce programme est de les faire parler au-delà de leur simple apparence visuelle : voir derrière la scène et ses personnages ce qu’une image peut nous dire de la représentation du monde, de l’idée de divinité ou de la nature humaine à l’époque. Au moyen de 32 catégories (Âme, Chair, Corps, Image, etc.) qui forment une ossature typologique, ce programme de lexique iconographique aide à décrypter l’art médiéval dans sa dimension conceptuelle – qu’on a plutôt l’habitude d’attribuer aux créateurs contemporains ! Le lexique, qui se veut à l’intention d’un large public, prendra la forme d’un site web, véritable encyclopédie raisonnée en ligne.
Domaine : Histoire de l’art médiéval du IVe au XVe siècle / Programme : « Ontologie du christianisme médiéval en images » / Direction : Isabelle Marchesin
Entrez dans la danse...
La danse, art que tout le monde a pratiqué un jour, a beaucoup utilisé l’écriture comme le dessin. Lancé au printemps 2018, ce programme s’intéresse aux pratiques graphiques de la danse et aux différentes formes de mise sur papier. En partenariat avec le Centre national de la danse et la Bibliothèque nationale de France, ces études inédites ont permis d’explorer des collections dispersées et jusqu’alors peu étudiées, comme le fonds d’un maître de ballet renfermant un grand nombre de croquis chorégraphiques. Ils correspondent à une double fonction : tantôt support de la création, tantôt outil de transmission, le dessin chorégraphique est un domaine sur lequel se penchent enfin les historiens de la danse et les historiens de l’art, qui travaillent également avec des danseurs professionnels afin de mieux déchiffrer les figures parfois devenues énigmatiques. Ce programme sera bientôt placé sur le devant de la scène avec l’organisation d’un séminaire qui montrera une nouvelle fois que l’INHA s’intéresse à toutes les formes artistiques.
Domaine : Histoire des disciplines et des techniques artistiques / Programme : « Chorégraphies. Écriture et dessin, signe et image dans les processus de création et de transmission chorégraphiques (XVe-XXIe siècles) » / Direction : Pauline Chevalier
L’Afrique, au cœur de l’actualité
Ce programme, visant à créer des outils disponibles pour la recherche, connaît une résonance particulière, liée bien sûr à l’actualité. Souhaitant mieux comprendre les collections d’objets d’art africain en France, le projet, lancé en septembre 2017, est marqué par une prise de conscience aiguë du manque de visibilité qui a longtemps frappé ces collections et leur provenance. Souvent constituées dans un contexte colonial, ces collections se composent d’objets très variés, dont l’histoire longue a été perdue. L’époque coloniale leur a de plus imposé une catégorisation ethnique qui n’a plus forcément de sens et qui a freiné l’étude de la dynamique de création. Réappropriées et reprises par les États africains ou le marché de l’art et ses collectionneurs, ces catégories sont aujourd’hui repensées afin de mieux comprendre la structure socio-politique en vigueur à l’époque. Une cartographie avec data-visualisation et une base de données cataloguant les objets de pouvoir et de culte permettront bientôt d’améliorer la visibilité de ces collections.
Domaine : Histoire de l’art du XIVe au XIXe siècle / Programme : « Vestiges, indices, paradigmes : lieux et temps des objets d’Afrique » / Direction : Claire Bosc-Tiessé