C'est bien connu : en période de crise, la seule catégorie à ne pas souffrir ou à se renforcer, ce sont les chefs-d'œuvre. La démonstration en a été donnée une nouvelle fois jeudi soir, lors de la vente Christie's à New York consacrée au XXe siècle. Monet y a brillé avec un Pont de Waterloo ou Van Gogh avec un autre pont, celui de Trinquetaille, tous les deux propulsés au-delà des 30 millions de dollars (frais compris). Mais la star de la soirée a été Marie-Thérèse, cette jolie jeune femme pulpeuse que Picasso rencontra un matin de janvier 1927 devant les Galeries Lafayette et à qui il dit, tout de go, après lui avoir annoncé qu'elle avait un beau visage : « Je sens que nous allons faire de grandes choses ensemble ». Devenue son amante, elle s'épanouira dans des toiles lumineuses, notamment celle-ci, datée de 1932, une année faste, avec les grandes rétrospectives aux galeries Georges Petit de Paris et au Kunsthaus de Zurich. Échue lors du partage successoral à Marina Picasso (petite-fille d'Olga, l'épouse légitime) et non pas à Maya Picasso (la fille de Marie-Thérèse), la toile, passée entre les mains du marchand genevois Jan Krugier, avait déjà été vendue aux enchères en mai 1997 chez Christie's New York (pour 7,5 millions de dollars, frais compris), puis en février 2013 chez Sotheby's Londres (pour l'équivalent de 45 millions de dollars). Cette fois-ci, elle a atteint 90 millions de dollars au marteau, soit 103 millions avec les frais. Une jolie envolée...
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