Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Georges Bruyer, l'art de capturer la guerre

Georges Bruyer, l'art de capturer la guerre

On connaît sur la Première Guerre mondiale les œuvres frappantes d'Otto Dix ou, dans un tout autre genre, celles de Jacques Tardi, et beaucoup moins le travail prolifique de l'artiste-soldat Georges Bruyer (1883-1962). Une redécouverte que nous incite à faire le musée de la Grande Guerre de Meaux avec l'exposition « Georges Bruyer, graver la guerre », programmée jusqu'au 22 août. Mobilisé en 1914, le peintre, céramiste et graveur produit pendant ses années au front une série de 130 œuvres : huiles sur toile, dessins, croquis, gravures et matrices de gravures documentent son quotidien de soldat. Ses tableaux dépeignent, dans des tons profonds de verts et de bleus, des moments de vie entre deux feux : le portage de l'eau, les longues marches, le creusement des tranchées, l'attente, les bombardements, le comptage des morts... En 1915, blessé et évacué, il continue d'alimenter son corpus sur la guerre avant d'intégrer en 1917 la 5e Mission des artistes aux armées. On comptait dans ses rangs des artistes chargés de représenter la guerre, comme Henri Lebasque, Henry Ottmann, Bernard Naudin mais aussi Pierre Bonnard et Édouard Vuillard. L'œuvre manifeste de Bruyer s'incarne certainement dans la série de gravures sur bois, «​ 24 estampes sur la guerre » : ses thèmes de prédilection se gravent sur ces images en couleur et en noir et blanc, de la corvée souvent fatale de couper les herbes hautes pour dégager le champ de vision aux soldats pénétrant en masque à gaz dans l'épais nuage de fumée.

Article issu de l'édition N°2152