Le Quotidien de l'Art

De l’aporie à l’amour en passant par les imaginaires

De l’aporie à l’amour en passant par les imaginaires
Portrait de Romain Gandolphe dans le désert Mojave, 2019.
DR.

Il est primordial pour un artiste de disposer d’un texte critique de qualité sur son travail. C'est le souhait d'encourager ce format d'écriture qui est à l'origine des bourses Ekphrasis, lancées par l'ADAGP en association avec l’AICA France et le Quotidien de l’Art : elles ont pour objet de mettre en relation 10 artistes avec autant de critiques. Les textes des 10 lauréats de cette première édition (dotés chacun de 2000 euros, couvrant la rédaction du texte et sa traduction) seront publiés au long de l'année dans le Quotidien de l'Art, au rythme d'un par mois. Dans cette quatrième livraison, Sophie Lapalu se penche sur le travail de Romain Gandolphe.

« C’est un lien que je fais avec i des imaginaires. Au XVIe siècle, Gerolamo Cardano, afin de résoudre des équations du troisième degré, inventa le principe de nombres qui, multipliés par eux-mêmes, deviennent négatifs. Je ne sais pas si tu le sais ? Mais c’est impossible. » En marche vers le sommet du Puy de la Vache, Romain Gandolphe, pourtant intarissable, finit par s’essouffler. C’est néanmoins d’une traite qu’il répond à ma question, à savoir l’influence de ses premières études scientifiques sur son travail artistique. Il me semble en effet y percevoir une certaine logique quantique : quand, caché dans une cimaise, il décide d’y passer sept jours sans révéler sa présence (Une semaine dans une cimaise, 2013), est-il, à l’instar du chat de Schrödinger, vivant ou mort ? Les secrets qu’il échange sont-ils encore secrets lorsqu’ils sont dévoilés (Every secret has a holder, 2016) ? Est-il seulement possible de partir à la recherche du dernier arbre planté par Joseph Beuys (A Kind of Tree, 2018) ? Dans une équation du troisième type, le nombre réel se calcule à partir d’une chimère i ; l’imaginaire permet de résoudre un problème concret. Cette relation particulière aux apories, l’artiste l’entretient dès l’origine de son travail. 

Si un même chat peut être mort et vivant à la fois, une même œuvre peut-elle bénéficier de plusieurs états ? Lors de son DNSEP[1], l’artiste décide d’accueillir le jury au sein d’une succession de white cubes vides dans lesquels il raconte les pièces déjà réalisées, comme celles à venir. Chaque salle représente une temporalité précise qui, au fur et à mesure du discours, se confond ; le présent est passé avant même que nous ne l’appréhendions, le passé peut être réactualisé dans la parole, le futur échappe (Du futur au passé,…

De l’aporie à l’amour en passant par les imaginaires
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