« C’est un lien que je fais avec i des imaginaires. Au XVIe siècle, Gerolamo Cardano, afin de résoudre des équations du troisième degré, inventa le principe de nombres qui, multipliés par eux-mêmes, deviennent négatifs. Je ne sais pas si tu le sais ? Mais c’est impossible. » En marche vers le sommet du Puy de la Vache, Romain Gandolphe, pourtant intarissable, finit par s’essouffler. C’est néanmoins d’une traite qu’il répond à ma question, à savoir l’influence de ses premières études scientifiques sur son travail artistique. Il me semble en effet y percevoir une certaine logique quantique : quand, caché dans une cimaise, il décide d’y passer sept jours sans révéler sa présence (Une semaine dans une cimaise, 2013), est-il, à l’instar du chat de Schrödinger, vivant ou mort ? Les secrets qu’il échange sont-ils encore secrets lorsqu’ils sont dévoilés (Every secret has a holder, 2016) ? Est-il seulement possible de partir à la recherche du dernier arbre planté par Joseph Beuys (A Kind of Tree, 2018) ? Dans une équation du troisième type, le nombre réel se calcule à partir d’une chimère i ; l’imaginaire permet de résoudre un problème concret. Cette relation particulière aux apories, l’artiste l’entretient dès l’origine de son travail.
Si un même chat peut être mort et vivant à la fois, une même œuvre peut-elle bénéficier de plusieurs états ? Lors de son DNSEP[1], l’artiste décide d’accueillir le jury au sein d’une succession de white cubes vides dans lesquels il raconte les pièces déjà réalisées, comme celles à venir. Chaque salle représente une temporalité précise qui, au fur et à mesure du discours, se confond ; le présent est passé avant même que nous ne l’appréhendions, le passé peut être réactualisé dans la parole, le futur échappe (Du futur au passé,…