Rassemblées par l’expert américain Théodore Reff, elles sont publiées en trois volumes par le Wildenstein Plattner Institute (et distribuées par The Pennsylvania State University Press) et révèlent Degas (1834-1917) immergé dans les mutations historiques, sociales, économiques de la fin du XIXe siècle. Si le destinataire est généralement mentionné, les réponses ont disparu pour des raisons inconnues. Les deux premiers tomes sont une transcription française en caractères d’imprimerie, le troisième tome étant consacré aux lettres traduites en anglais et aux index. L'édition est dotée de précieux atouts : l’introduction de Théodore Reff retrace l’historique des publications antérieures et les notes commentent avec précision leurs contenus. On y découvre les facettes d’un Degas intime avec ses humeurs et son humour parfois cinglant, son esprit curieux, ses inquiétudes pour sa vision altérée, son attachement à sa famille. On l’a dit misogyne, ses lettres révèlent son attraction pour les femmes dans ses amitiés parfois amoureuses. Paradoxalement, il s’exprime peu sur l’art. « Il semble qu’il réservait ces "tribunes" à ses conversations dans les cafés parisiens », explique Michel Schulman, qui relaye cette publication dans son Catalogue critique numérique de l’œuvre de Degas. Elles insinuent aussi le doute quant à l’exécution sur le motif des danseuses, comme le laisse supposer cette missive à Albert Hecht en 1890 : « J’ai tant fait de ces examens de danse sans les avoir vus, que j’en suis un peu honteux. »
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