« Antiquaires : le S.O.S d’une profession en détresse. » Tel était en juillet dernier le titre choc d’un article de la Gazette du patrimoine, reproduisant in extenso une lettre ouverte adressée par l’antiquaire François-Xavier Bon à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. « Nous sommes des passionnés qui ne comptons pas nos heures, prêts à se lever aux aurores pour ''chiner'' et se coucher à point d’heure pour effectuer des recherches afin de trouver le pourquoi et le comment d’un objet, transmettre l’amour de l’art du savoir et de l’histoire dans toutes les couches de la société, participer au rayonnement de la culture française », détaille le directeur des Curiosités d’Ainay à Lyon. Malgré tout le dynamisme du monde, martèle-t-il, sa profession ne pourra se remettre d’une telle crise. « À l’heure où vous semblez défendre le petit commerce, sommes-nous si petits pour vous être autant indifférents ? », rappelant que si rien n’est fait c’est toute une profession, pierre angulaire du patrimoine, qui risque de s’éteindre dans l’indifférence générale. Si les galeries d’art contemporain ont accusé en 2020 une chute de 20 % de leurs chiffres d’affaires, d’après le dernier rapport UBS/Art Basel, la baisse est plus drastique pour les marchands de tableaux anciens (-39 %) et les antiquaires (-33 %). Présidente du syndicat national des antiquaires (SNA), Anisabelle Berès-Montanari le dit sans détour : « Personne ne saute de joie », tout en se disant confiante pour les prochains mois.
Cette crise n’est toutefois pas nouvelle. Les évolutions du goût comme les changements de mode de vie ont enterré les meubles régionaux et le Louis-Philippe des grands-parents qui s’échangent pour une bouchée de pain – ou presque. Des affaires de faux ont aussi jeté l’opprobre sur une profession soupçonnée de tous les forfaits. Les salons spécialisés ont rendu l’âme ces dernières années, comme ceux de Bourg-en-Bresse, Besançon, Marseille, Strasbourg ou Clermont-Ferrand. Les accros de la brocante se rabattent sur les vide-greniers de Troc et Puces et sur les plateformes en ligne. C’est parfois au prix de sacrifices que certains marchands sont parvenus à juguler les pertes et maintenir leur trésorerie en 2020. « J’ai vendu des pièces que j’avais depuis quatre ou cinq ans, parfois à prix coûtant ou avec une micro-marge », admet Laetitia Georges, spécialiste en éventails installée aux Puces de Saint-Ouen.
Repartir de zéro
Pour pallier l’annulation des foires et les fermetures liées aux confinements…