Anarchitecte de 80 ans, Gianni Pettena a la pétulance d’un jeune garde-rouge, l’humour en plus. Natif de Bolzano, il n’eut de cesse, une fois diplômé, d’enseigner à Florence, puis aux États-Unis, la désillusion combative. Au point de se féliciter d’avoir su convaincre moult étudiants d’embrasser d’autres professions que l’architecture, jugée par lui comme une arme d’oppression du capitalisme. De celui qui œuvra à dynamiter la discipline, on retiendra parmi les prouesses exposées à Bruxelles à La Verrière, l’espace de la Fondation Hermès niché au fond de la boutique de luxe, et à l’ISELP (l’Institut Supérieur pour l’Étude du Langage Plastique), tous deux situés sur le boulevard de Waterloo, l’école abandonnée qu’il emprisonna dans la glace en 1971 à Mineapolis. Noyée sous des tombereaux d'eau claire, elle fut transformée par la froidure ambiante en un glaçon géant. Ailleurs, il usa encore de terre, de bandelettes de papier pour créer des labyrinthes à percer à coups de ciseaux, il imprima son corps dans le sol, traça des figures graphiques dans les cieux. Ce compagnon de route des activistes des années 60 de la tendance radicale italienne (Archizoom, UFO, Superstudio), proche de son ami l’artiste de Land Art Robert Smithson ou d’un Gordon Matta-Clark, reste aujourd’hui encore un magnifique perturbateur heureux.
« Gianni Pettena, Forgiven by Nature », La Verrière Hermès (50 bd. de Waterloo, Bruxelles), jusqu'au 13 mars.
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