Pélagie chef d'orchestre

Premier espace d'exposition de la Fondation Hermès, la Verrière vient de fêter ses 25 ans et a accueilli sur cette période plus de 50 expositions. Commissaire en charge depuis 2023 (après Guillaume Désanges), ce sont des « solos augmentés » que défend Joël Riff. L'œuvre de l'artiste invité ne trône pas en majesté mais se confronte à d'autres. Pour Pélagie Gbaguidi, née en 1965 à Dakar, installée à Bruxelles depuis 2000 (comme la Verrière !), puis dans un ancien café de village à Beersel depuis 2003, le travail à plusieurs mains est de toute façon une habitude, voire une exigence. En fait foi la performance qu'elle avait montée en 2021 autour du troc. Dans sa recherche sur le corps, sa gestuelle, son exploitation, son sacrifice, elle mêle depuis 30 ans les médiums les plus variés. Peintures et autres pigments, graisse et terre, papier, toile mais aussi drap ou sac de farine, jusqu'à la voix, tout fait sens et crée un corpus aux teintes expressionnistes, exubérant, touffu, enflammé. L'accompagnement de Hessie (1936-2017) et Marianne Berenhaut (née en 1934), avec un texte de Sophie-Marie Larrouy (née en 1984), produit une œuvre chorale à laquelle le collectif Aygo donne une touche de folie. Ces designers cosmopolites et pas encore trentenaires (deux Néerlandais, une Suédoise, une Française), avec leurs divans en fils de fer, vases de fleurs calcinés et chaises-menhirs ménagent un environnement furieusement décalé, qui prolonge la réflexion sur la place du corps dans l'espace. 

« Pélagie Gbaguidi. Antre », jusqu'au 29 mars, à la Verrière Hermès, 50, boulevard de Waterloo, 1000 Bruxelles.

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