Nos confrères de la Tribune de l'Art le présentent chaque jour à la une, comme du temps des prises d'otages au Liban : dans un monde où tout est plutôt à la baisse, ce sinistre compteur ne cesse de progresser. Et malgré les initiatives de responsables culturels de tous bords (pétitions, manifestations, ouvertures symboliques, tribunes communes de responsables de journaux), le blocus opposé par le gouvernement ne montre toujours pas de signe d'effritement. À l'heure où chacun de nous peut observer l'exaspérante multiplication des queues, dignes de l'ère soviétique, avec un couvre-feu qui aggrave les effets d'entonnoir, le dogme du musée (et autres lieux culturels) comme vecteur privilégié de contamination reste intangible. Malgré des études qui prouvent le contraire, malgré les engagements des directeurs à respecter des jauges draconiennes (jusqu'à 30 m² par visiteur), qu'aucune grande surface n'applique, malgré l'exemple de l'Espagne, de la Belgique, de l'Italie ou de la Suisse, rien ne bouge. L'Allemagne, pourtant compagne fidèle dans l'entêtement depuis début novembre (soit quelques jours après nous), s'est même engagée à rouvrir progressivement dès ce lundi. 130 jours, c'est plus que les 55 jours de Pékin, les 65 jours d'Alain Bombard, les Cent-Jours de Napoléon, les 120 Journées de Sodome... En passe d'établir le record européen toutes catégories, cette « exception française » va-t-elle se prolonger ? Prochaine barre à enfoncer : les 133 jours du siège de Paris en 1870-1871.
Le chiffre du jour