Dans ces temps de visioconférences, nous avons appris à connaître plusieurs types de mosaïques. Outre les galeries de visages des réunions d’équipe, les murs derrière nos interlocuteurs laissent parfois entrevoir des accrochages d’images : des corpus, recréés chez nous afin de nous approprier nos objets d’étude. Ce besoin d’un regard d’ensemble se fait d’autant plus pressant face à un patrimoine volontairement dispersé, tel celui des carreaux de revêtement de l’Iran ilkhanide (1258-1363) auquel s’attache le programme « Medieval Kâshi Online ». Lancé par l’Institut national d’histoire de l’art, il est coordonné par Delphine Miroudot, en partenariat avec le musée du Louvre et Sèvres – Manufacture et musée nationaux. Le projet vise à la reconstitution virtuelle d’ensembles éparpillés dans des collections du monde entier, que nous verrons bientôt défiler sur nos écrans grâce à une base de données sur la plateforme AGORHA. En lien avec le Réseau d’art islamique en France (RAIF), lancé en 2016 par le Louvre, le programme participe d’un mouvement plus vaste, dont l’importance se confirme de jour en jour, visant à élargir la connaissance des collections françaises d’art islamique. Ici, les données issues des collections se prêtent à investir plus largement l’histoire des arts, des techniques, des religions et de la littérature.
Les kâshi : des revêtements aux reflets d’or
Les carreaux kâshi, ainsi nommés d’après le centre potier de Kâshân (Iran central, entre Téhéran et Ispahan), recouvraient les parois des monuments religieux ou associés à de saints personnages : en sont autant…