Dans l'interminable saga de la réouverture, la visioconférence de la ministre de la Culture avec des responsables de musées (et la brève présence d'Olivier Véran, annoncé en partance pour sa vaccination) a accouché lundi de vagues promesses, sans date précise. Un chiffre a été agité : le passage de 4 m2 à 10 m2 comme périmètre de sécurité pour chaque visiteur. Alors que la frustration est exacerbée par les politiques différentes de nos voisins européens, les avancées lilliputiennes de l'exécutif fournissent au RN et à Louis Aliot, annonçant l'ouverture unilatérale de 4 musées municipaux à Perpignan, l'occasion inespérée d'apparaître comme des chevaliers de la culture. Dans le contrat social entre élus et citoyens, une décision politique sera d'autant mieux acceptée qu'elle apparaîtra comme sensée et logique. Surtout en période de crise où la confiance est volatile... Or, où est la logique ? Comment se fait-il que l'on puisse accéder aux squares et jardins publics mais que l'ouverture d'un parc de sculptures soit perçue comme une conquête de haute lutte (musée Rodin en janvier, fondation Maeght ce lundi) ? Comment se fait-il que l'on évoque maintenant 10 m2 d'espace individuel dans les musées, où les visiteurs sont en mouvement, alors qu'un tel chiffre n'est observé ni dans les queues qui se forment devant les boutiques à l'heure du couvre-feu ni aux caisses des supermarchés ni dans les transports en commun, tous espaces d'immobilité prolongée. Loin de nous l'idée de demander l'interdiction des liaisons aériennes : on peut considérer le voyage comme une décision réfléchie d'adultes consentants. Mais, pour l'avoir récemment expérimenté, les rares avions en circulation sont souvent pleins, soit environ 0,5 m2 par personne dans un Airbus 320 pendant plus d'une heure... En ce bicentenaire napoléonien, pourquoi ne pas méditer une phrase de l'Aigle corse ? « La haute politique n'est que le bon sens appliqué aux grandes choses. »
Le chiffre du jour