C'est une exposition originale que propose le Casino Luxembourg : à quoi ressemble le Diable aujourd'hui ? Non plus un personnage haut en couleur, cornu, rouge et noir, au rire évidemment satanique... mais plutôt un « homme gris » (titre choisi par le commissaire Benjamin Bianciotto), passe-muraille, assumant plusieurs identités et avatars, grâce aux infinies possibilités offertes par les réseaux sociaux et la dématérialisation. Entre un Piss Satan de Serrano, qui n'a pas dérangé grand monde contrairement à son Piss Christ, et les équations mathématiques de John Urho Kemp mettant en chiffres le Malin, une vingtaine d'artistes sont convoqués. L'une des installations les plus étonnantes, déjà montrée et appartenant au musée Migros de Zurich, est celle de Christine Borland (L'homme double, 1997), dans laquelle elle a demandé à 6 artistes de recréer en argile la tête de Josef Mengele. Du médecin de la mort actif à Auschwitz, on ne possède que de rares photographies un peu floues et des témoignages de survivants qui insistent sur sa beauté (certains le comparent même à Rudolph Valentino ou Clark Gable). La force du mal, c'est aussi de savoir brouiller son image...
« L'homme gris », au Casino Luxembourg, a rouvert le 11 janvier et a été prolongée jusqu'au 6 juin.
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