Le Quotidien de l'Art

Marché de l'art : en 2020, la pandémie creuse les écarts

Marché de l'art : en 2020, la pandémie creuse les écarts
Me Matthieu Fournier adjugeant La Madeleine pénitente de Gian Giacomo Caprotti, dit Salaì.
© Artcurial.

Maître des horloges de l’année 2020, la pandémie de Covid-19 n’a pas laminé le marché de l’art. Mais l’écart entre grosses et petites structures s’est creusé plus que jamais. 

Ni rose ni morose. Tel est le bilan du marché de l’art après une année sous le signe du Covid-19. Une pandémie qui a provoqué l’annulation en cascade des foires, contraintes de basculer en ligne, et bouleversé le format et le calendrier des enchères, vieux de plusieurs décennies. Aux grandes sessions traditionnelles de mai et novembre à Londres et New York se sont substituées une noria d’événements digitaux composés de quelques dizaines de lots voire parfois d’un seul objet, ainsi que des opérations hybrides à grand spectacle mêlant live et online. Sotheby’s a ainsi organisé pas moins de 600 vacations – contre 457 en 2019 – dont une majorité en ligne. La révolution numérique combinée, pour les plus gros opérateurs, au boom des ventes privées, a permis de juguler les baisses de chiffres d’affaires aux enchères, échelonnées entre 20 et 40 % selon les maisons de vente. 

« On a ressenti une certaine prudence des vendeurs, mais pas un coup de frein », observe Stéphane Aubert, commissaire-priseur chez Artcurial. Grégoire Billault, directeur de l’art contemporain chez Sotheby’s à New York, n’a pas « vu de vendeurs désespérés ni de faillite spectaculaire, contrairement à 2001 et 2008 ». Quant aux acheteurs, ils étaient au rendez-vous, excepté pour la « collab » entre la Biennale des antiquaires Paris et Christie’s, seul flop notable de cette année. Les valeurs sûres l’ont été plus que jamais : avec une enchère de 84,6 millions de dollars, un triptyque de Francis Bacon détient la palme de l’œuvre la plus chère vendue aux enchères cette année. Alors, plus de peur que de mal ? « Il y a six mois, on n’aurait pas fanfaronné », reconnaît Simon de Monicault, spécialiste en mobilier classique chez Christie’s. Mais, ajoute-t-il, « beaucoup de collectionneurs se sont retrouvés bloqués chez eux, et ont commencé à prêter plus d’attention à leurs intérieurs ». D’où le succès des ventes de design, de la collection de sculptures monumentales de Paul Haim chez Christie’s ou du stabile d’Alexander Calder vendu pour 4,9 millions d’euros en juillet chez Artcurial. Mais, affirme Laetitia Bauduin, directrice de l'art contemporain chez Christie's, « il faut être prudent et réaliste dans les estimations ». 

Les galeries à la peine

Côté galerie, le bilan est plus mitigé. Seuls 2 % d'entre elles ont fermé leurs portes selon le rapport Art Basel/UBS publié en septembre, mais les plus jeunes structures sont à la peine. Les pertes se chiffrent, selon le Comité professionnel des galeries d’art (CPGA) à - 30 à 40 % en moyenne. Un tiers des enseignes françaises accusent même une chute de 70 % de leurs transactions. « Ces pertes seront difficiles à rattraper en l’absence de foires », se désole Marion Papillon, présidente du CPGA. D’autant que le second confinement a affecté le moral comme les affaires de pas mal de collectionneurs. Mais, nuance le galeriste…

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Article issu de l'édition N°2070