Dans le panorama encombré des foires virtuelles, la Luxembourg Art Week annonce avoir tiré son épingle du jeu en migrant sur le web en un temps très court et à un coût très contenu (10 % du prix du stand habituel pour ceux qui participeront en 2021). La version virtuelle 3D, développée avec l’agence cura3D de Leipzig, s'est doublée d’un catalogue en ligne avec plus de 1500 œuvres de 450 artistes. D'abord programmée du 9 au 22 novembre, la foire a été prolongée jusqu'au dimanche 29. Elle annonce 30 000 visiteurs de 90 pays (contre 12 000 à 15 000 visiteurs lors des éditions physiques) et plus de 150 000 consultations. Si la fréquentation ne s'est pas forcément traduite en ventes immédiates, elle a permis à la foire « d’augmenter considérablement sa notoriété internationale » selon son organisateur, Alex Reding. Pour Nicolas Veidig-Favarel (Double V à Marseille), qui annonce une nouvelle touche sérieuse (c'était sa première participation), « la direction s'est donné beaucoup de mal pour créer cette version digitale en peu de temps. Le résultat est assez bon, la navigation fluide, le catalogue en complément de la visite virtuelle très clair et complet ». Ariane C-Y, de Paris, également à sa première édition, avait une bonne image de la foire (« avec un remarquable programme VIP et la particularité d'y trouver à la fois des marchands luxembourgeois, allemands, néerlandais et belges, un peu comme à Art Rotterdam ») mais n'est pas entrée en contact avec de nouveaux collectionneurs. Elle se dit cependant satisfaite de l'expérience. « Cela a été tout un travail supplémentaire pour nous galeristes : fournir le mur exactement comme on souhaitait le voir en 3D et donner les distances précises pour l'accrochage. La difficulté venait des sculptures et de certains accrochages complexes. Je suis heureuse du rendu, mais m'interroge sur l'efficacité d'un tel dispositif qui a été chronophage. Cela a été l'occasion de prendre en main ces outils et de comprendre ce qui est possible ou non en vue du prochain confinement ! La foire a permis de communiquer avec l'écosystème de la galerie, ce qui a mené à des ventes. Guillaume Castel, le sculpteur, a été le plus plébiscité. » Lise Coirier, de la galerie bruxelloise Spazio Nobile, se félicite du focus sur Bruxelles mais souligne le même problème de rendu du mobilier et des objets de collection. « D'un point de vue artistique et du ressenti du visiteur, le catalogue en ligne et le catalogue que nous avons spécialement compilé pour ce salon sont des outils essentiels pour guider les collectionneurs à faire leurs éventuels choix d'acquisition au-delà de la fin de la foire. Il faut miser sur un temps plus long. Nous avons quelques touches sur les photographies Kintsugi de Vincent Fournier. » Avec une conclusion rappelant le caractère indispensable du réel : « Il faudra que le collectionneur les rencontre de visu pour apprécier la beauté du tirage sur papier japonais. » Ce que confirme Félix Frachon, également primo-participant de Bruxelles, qui regrette l'absence de transactions de son côté : « Rien ne vaut une foire en présentiel. Rien n'y fait, le contact humain est nécessaire dans notre métier. »