« La manière de prendre cette décision par la direction de Manifesta, sans concertation avec l’équipe curatoriale, nous a interpellés », affirme Stefan Kalmár, l’un des co-curateurs de la manifestation (et directeur de l’ICA, l’une des principales institutions londoniennes), qui était favorable à la possibilité d’une réouverture à la fin du confinement (il a ensuite été décidé d’activer une plateforme de visite virtuelle). L’exposition principale de la 13e édition de Manifesta, « Traits d’Union », a ainsi été ouverte à peine un mois dans six musées de Marseille, en dehors de programmes parallèles plus étendus dans le temps. Trouver les conditions d’accueil et de médiation d’une manifestation internationale dans un contexte de crise sanitaire avait été une gageure. Les attentes de fréquentation du public, notamment international (206 000 visiteurs lors de l’édition précédente à Palerme), ont été largement revues à la baisse, mais l’exposition a aussi laissé transparaître des conflits internes, dans un contexte où le format des biennales est de plus en plus remis en question.
Conflits internes
Comment concilier les attentes des financeurs (retombées économiques liées au tourisme, rénovation urbaine, gentrification de zones défavorisées) et les discours curatoriaux qui prônent l’insertion dans le tissu social et culturel local et des approches tournées vers les publics de proximité ? Stefan Kalmár ne mâche pas ses mots en évoquant le conflit qui a opposé l’équipe curatoriale – la curatrice marocaine basée à Berlin, Alya…