D'habitude, le fondu au noir signe la fin de l'histoire. Avec Antoine d'Agata, il ouvre au contraire le champ des possibles. à Paris, au Bal, qui lui consacre une rétrospective, le photographe a choisi dans la première salle de confronter le visiteur à un unique écran noir d'où sourd une litanie de mots - les voix fêlées de femmes rencontrées au gré de ses pérégrinations nocturnes. En anglais, en japonais, en scandinave, en cambodgien, ces voix disent : « je te donne ma chair souffrante ». Elles disent encore : « je suis comme une plaie ouverte à cet univers ». Ou bien : « j'existe grâce à ton regard ». Ce sont les voix de l'obscur, qui traversent les corps, transpercent le coeur et rebondissent…