Le 6 octobre, l’Assemblée nationale votait à l’unanimité une loi prévoyant la restitution par la France de 27 biens culturels au Bénin et au Sénégal : 26 œuvres du « Trésor de Béhanzin », et le sabre d’El Hadj Omar Tall du musée de l’Armée, exposé depuis 2018 au musée des civilisations noires de Dakar. Alors que ce texte sera discuté au Sénat le 4 novembre, sa procédure, ses limites et le contexte dans lequel il s’inscrit méritent réflexion.
Après des décennies d’atermoiement politique, le gouvernement français donne enfin des gages. La dynamique enclenchée par le discours de Ouagadougou de 2017 se concrétise avec une loi engagée le 16 juillet – en pleine crise sanitaire mondiale – en procédure accélérée, limitant les discussions parlementaires – et donc démocratiques – à une unique lecture par chambre. De plus, le délai d’un an donné pour le retour effectif des œuvres a poussé le Bénin à demander un peu de « patience » à la France, faute d’avoir entamé la construction de son futur Musée de l’épopée des amazones et des rois d’Abomey. Probablement motivé par le calendrier électoral français et les présidentielles de 2022, cet empressement a les inconvénients d’une procédure expéditive. « Entre les promesses et les réalisations, il y a toujours eu beaucoup de déperdition dans le dialogue franco-africain mais il faut reconnaître la grande rapidité de la loi, et son caractère inédit », se réjouit Marie-Cécile Zinsou, fondatrice de la Fondation Zinsou au Bénin. Toutefois, ajoute-t-elle, « Emmanuel Macron avait parlé de réappropriation du patrimoine africain. En se limitant à 27 objets, cette loi n’est pas à la hauteur ».
L’arbre qui cache la forêt
Loi d’exception n’ouvrant la réflexion à aucun autre objet, le texte manque son objectif. La France fait-elle fi du reste du continent africain pourtant en ordre de marche ? La Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, Madagascar, le Mali,…