Taches rouge sang sur un coton blanc délavé ou un satin rose poudré : l'œuvre Ren-gaines, produite en 1960 par Gérard Deschamps, l'un des « Nouveaux Réalistes », a suscité censure et polémiques. L'artiste, passionné de compositions, se penche à son retour de sa mobilisation en Algérie sur la lingerie, soutiens-gorges, corsets, faux-seins, culottes, caleçons, porte-jarretelles et tricots de corps. Il récupère des stocks entiers auprès de chiffonniers puis les dispose de façon à créer une palette chromatique, dégradé de rose pâle entrecoupé de blanc, ou nuancier de beiges rehaussé de touches bleues translucides. L'exposition de ces sous-vêtements usagés chiffonne l'opinion publique avec toujours le sarcasme et la distanciation politique propres à Gérard Deschamps, fil directeur de la rétrospective qui lui est consacrée au LAAC de Dunkerque. La pièce du musée où s'exhibe toute cette lingerie savamment disposée accueille également son travail sur l'uniforme militaire et ses barrettes colorées, faisant du sous-vêtement, d'après le musée d'art contemporain, « un uniforme qui ne dit pas son nom », dont les crochets, les baleines et les bretelles semblent d'un coup bien oppressantes.
« Gérard Deschamps. Peinture sans peinture », au LAAC, jusqu'au 7 mars 2021.
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