De l’avis des organisateurs, le processus, couronné de succès, a été une opération d’envergure avec 280 intervenants. Le nouveau nom a été choisi pour sa capacité à incarner « responsabilité » et « réactivité » et est un gage que l’institution continuera à se montrer « audacieuse » et « accueillante ». De quoi s’agit-il, au fond ? Le Witte de With Center for Contemporary Art de Rotterdam, créé en 1990, a voulu se débarrasser de son patronyme encombrant, dont plus grand monde (surtout à l’étranger) ne connaissait le sens. Il est désormais révélé : Witte de With (1599-1658) a été un amiral néerlandais, brillant stratège, mais passablement brutal et à la mentalité que l’on suppose très colonialiste. À partir du 27 janvier 2021, le lieu s’appellera Kunstinstituut Melly, en référence à une œuvre de l’artiste canadien Ken Lum, Melly Shum Hates Her Job (1990), appréciée par le public local qui a donné, par habitude, ce nom au rez-de-chaussée. En passant de Witte à Melly, l’institution accomplit-elle son nécessaire mea culpa ou jette-t-elle juste de la poudre aux yeux ? Chacun en jugera, mais le paradoxe est étonnant : en pleine époque numérique et audio, le poids des mots est plus fort que jamais.
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