Maïa Izzo-Foulquier a mis fin à ses jours le 16 décembre 2019, à l’âge de 28 ans (lire l'Hebdo du 19 décembre 2019). C’est elle que l’on voit dans la performance filmée Curriculum vitae, datée de 2017 et projetée dans l’exposition « Sur pierres brûlantes », à la Friche la Belle de Mai, à Marseille. Organisée par Triangle France-Astérides dans le cadre des « Parallèles du Sud » (programmation accompagnant Manifesta), celle-ci montre le travail de 14 jeunes artistes travaillant dans les ateliers de la ville. En porte-jarretelles, Maïa Izzo-Foulquier trace les mots « pute et peintre »sur le mur d’échiffre d’un escalier croulant. Se déshabillant, elle adopte l’allure érotisée du modèle féminin, tel que le male gaze l’a défini depuis des siècles dans l’histoire de l’art, tout en assumant un rôle qu’elle-même définissait comme celui de « femme-propagande », déconstruisant la représentation stéréotypée du corps pour affirmer une identité. L’artiste et activiste, porte-parole du STRASS (syndicat du travail sexuel), faisait le parallèle entre ces deux formes d’« économie parallèle » : la prostitution et l’art. Dans la série d’événements égrenés par Manifesta à Marseille, la force de sa frêle présence vient ancrer la manifestation dans le réel, illuminant de son éclat sombre la condition d’artiste et de femme.
« Sur pierres brûlantes », Friche la Belle de Mai, Marseille, jusqu’au 25 octobre.
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