À peine publiées, déjà retirées. Le dernier projet de l'artiste et activiste italien Paolo Cirio, lancé le 1er octobre et nommé Capture, compilait 4000 photographies de policiers et gendarmes sur un site web, recensées grâce à un usage inversé de la reconnaissance faciale. L'artiste avait appelé les internautes à transmettre des informations sur le nom des membres des forces de l'ordre photographiés et sur le lieu et la date de prise de la photographie, entre 2014 et 2020. Le but était de sensibiliser aux risques de la reconnaissance faciale, un outil qui peut se retourner contre ses principaux usagers – ici, les policiers et gendarmes – et qui peut s'avérer néfaste au fonctionnement démocratique d'un État. « Je souhaitais bien sûr provoquer avec ce nouveau projet, mais je ne m'attendais pas à une réaction politique aussi violente et rapide, avoue l'artiste. J'ai commencé à travailler sur ce sujet en France, car j'étais très choqué d'apprendre que c'était l'un des pays européens qui usait le plus de la reconnaissance faciale. Je comprends la réaction des musées mais si je ne peux pas exposer ici, je tenterai de le faire dans les pays voisins ». Paolo Cirio avait aussi affiché certaines de ces photos sur les murs de Paris et devait faire l'objet d'une exposition au Centre d'art de Tourcoing. À la demande de Gérald Darmanin, maire de la ville jusqu'à sa nomination au ministère de l'Intérieur, l'exposition a été annulée. Paolo Cirio a préféré éviter d'éventuelles poursuites en redirigeant depuis le 2 octobre son site vers une pétition réclamant l'interdiction de la reconnaissance faciale en Europe. Il y a déjà recueilli près de 16 000 signatures en quatre jours.
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