En décembre dernier, la Fondation d'entreprise Ricard organisait à Paris une table ronde sur le thème de la « Rumeur comme critère esthétique ». Un sujet ad hoc dans un monde aux grandes oreilles, où les foires bruissent de chuchotis, où les listes des artistes exposants à la Biennale de Venise ou à la Documenta circulent sous le manteau. L'historienne des idées Françoise Gaillard voit dans la rumeur le symptôme d'un « délitement des critères esthétiques », d'un « désarroi du jugement », et d'ajouter : « La rumeur court-circuite la critique autorisée qui, faute de normes, ne s'autorise rien du tout ». Stéphane Corréard, maître d'oeuvre du Salon de Montrouge, nous avance d'autres explications : « L'inflation du nombre d'artistes, de scènes locales, de lieux d'exposition de toute nature, rend impossible une connaissance réelle de la production artistique. Chacun, galeriste, commissaire, critique, collectionneur, juge donc en premier lieu avec son ignorance, n'appréhendant directement que 5 ou 10 % de ce qui se produit... L'autre explication majeure, c'est que, loin d'être banni, le "délit d'initié" est encouragé ».
La rumeur, qui correspond à l'éthos des pratiques…