Lors des Journées européennes du patrimoine, l’Institut national d’histoire de l’art a accueilli dimanche 20 septembre, dans la salle Labrouste, la présentation par 14 jeunes chercheurs de leurs travaux. Le prix des internautes, par un vote en ligne après les exposés des candidats, a récompensé Élise Vassiliadis-Poirey, qui succède à Maëlyss Haddjeri, primée en 2019. Voici la retranscription intégrale de son intervention.
25 000 tonnes équivalent CO2, c’est le bilan carbone du musée du Louvre en 2014. Ce chiffre peut vous sembler abstrait, laissez-moi donc vous donner une image plus parlante. Un Français produit 12 teqCO2 par an, ce qui signifie, qu’en comparaison, le musée du Louvre a l’impact d’environ 2000 Français. Lorsqu’on étudie les différents bilans carbone des musées, on se rend compte que la production d’expositions temporaires est l’une des activités qui polluent le plus. C’est sur ce point que j’ai voulu fonder ma recherche : comment créer des expositions temporaires qui soient durables ?
Il est vrai que ces deux notions semblent contradictoires. L’exposition est éphémère, temporaire, alors que l’écologie invite à penser au durable et au long terme. Pourtant, les questions environnementales ont toujours été présentes dans les musées, d’abord dans les cabinets de curiosités, puis dans les musées de sciences et d’histoire naturelle. En parlant de thématiques liées au réchauffement climatique, les musées ont cherché à créer une adéquation entre le fond de l’exposition et sa forme. Ainsi, dès la fin des années 2000, l’éco-conception des expositions s’est frayée un chemin au musée. D’abord dans les musées de sciences, comme le Muséum national d’histoire naturelle ou la Cité des sciences, puis dans d’autres types de musées, comme celui du quai Branly ou la Bibliothèque nationale de France.
L’éco-conception est une démarche globale, qui invite à intégrer de nouveaux mécanismes de travail, plus respectueux de l’environnement. Quand on veut créer une exposition qui soit éco-conçue, il faut d’abord déterminer les points les plus néfastes pour l’environnement. Dans l’exposition temporaires, les trois facteurs les plus polluants sont, dans l’ordre : le transport des visiteurs, le transport et l’emballage des œuvres, et la scénographie, de sa création à sa fin de vie. Pour ma recherche, j’ai rencontré des professionnels de musées, des chargés d’expositions ou des responsables développement durable pour savoir ce qu’ils mettaient en place au niveau de l’éco-conception. Ces entretiens m’ont permis de proposer une exposition type, qui soit éco-conçue de A à Z, de la première idée à son recyclage. Par exemple, en privilégiant le train à l’avion pour le transport des œuvres, en réutilisant la scénographie d’une exposition à une autre, ou encore en repensant la durée des expositions.
Je me suis aussi interrogée sur les freins qui limitent encore l’éco-conception dans les musées. L’une des choses à changer est la législation, qui n’est pas assez contraignante avec les musées. De plus, il est nécessaire de sensibiliser les professionnels sur ce qu’il est possible de faire, comment, et de casser les idées reçues : une exposition éco-conçue ne coûte pas plus cher.
J’ai essayé de construire mon mémoire comme un guide qui, je l’espère, pourra servir.
Élise Vassiliadis-Poirey
Née à Annecy en 1996. Durant sa licence à l’École du Louvre, elle s’intéresse à la médiation, domaine qu’elle va développer au cours de son Master 1 par un premier mémoire sur la médiation numérique et son apport aux visiteurs. Intéressée par l’exposition, elle décide pour son Master 2 de mener une recherche sur les expositions temporaires, qu’elle lie à des préoccupations environnementales, sujet sur lequel elle est engagée à titre personnel. Souhaitant se tourner vers la gestion de projets culturels, elle continue aujourd’hui son parcours en Master de Muséographie-Expographie à l’Université d’Artois, cursus qu’elle effectue en alternance au sein du Fonds d’art contemporain – Paris Collection en tant que chargée du programme « Jeunes Collectionneurs ».
Le prix du jury (Pauline Chevalier, conseillère scientifique, INHA ; François Queyrel, directeur d’études, École Pratique des Hautes Études ; Elsa Marguin-Hamon, directrice de la recherche et des relations internationales, École nationale des chartes ; Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans) a été attribué à Florent Allemand pour « Camille Alaphilippe (1874-1939 ?), prix de Rome de sculpture en 1898, de l'Art nouveau à l'Art déco », dans le cadre d'un Master 2 à l'École du Louvre.