Créée au début du XXe siècle dans le XVIe arrondissement de Paris, la Bibliothèque d’art et d’archéologie de Jacques Doucet (1853-1929), dont les collections constituent le cœur de l’actuelle bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, est relativement peu connue. Parfois décrite comme une ruche que son don à l’Université de Paris en 1917 aurait endormie, cette institution ouverte au public en 1909 a été quelque peu éclipsée par les autres entreprises du célèbre couturier-mécène, comme son studio de la rue Saint-James dans lequel étaient accrochées les Demoiselles d’Avignon ou la Bibliothèque littéraire qu’il constitua avec l’aide d’André Suarès, puis du jeune André Breton. La Bibliothèque d’art et d’archéologie fut cependant célébrée par nombre d’universitaires, conservateurs de musées et artistes qui y virent un lieu propice à l’étude de l’art et de son histoire. Animé par l’idée d’être « bon premier » dans le plus de domaines possibles, Doucet acheta livres et manuscrits, créa deux cabinets d’estampes et un cabinet des dessins ainsi qu’une photothèque, s’impliquant fortement dans une action dont l’élan fut stoppé par la Première Guerre mondiale.
Genèse et enjeux
À l’occasion du déménagement de la bibliothèque de l’INHA au cœur de la salle Labrouste en 2016, il a paru opportun de réétudier les archives relatives aux premières années de la Bibliothèque d’art et d’archéologie. Complétées par des documents conservés dans différents fonds, elles constituent la base d’un programme de recherche initié par Marie-Anne Sarda, conseillère scientifique au sein du domaine « Histoire et théorie de l'histoire de l'art et du…