Habitant un monde connecté, où les œuvres d’art de la terre entière sont accessibles en quelques clics, et où quelques heures en avion suffisent pour aller admirer les objets conservés dans les musées de Berlin, New York ou Dakar, nous avons par la force des choses renoué ces derniers mois avec une certaine immobilité, qui peut nous rappeler les difficultés qu’il y avait naguère à étudier des objets découverts et conservés au loin, difficiles à aller voir en personne. Longtemps, les musées du monde entier se sont ainsi partagé des photographies des objets qu’ils conservaient, et avant cela des moulages, des dessins et parfois les objets eux-mêmes.
Les planches laissées par Jean-Baptiste Muret, dessinateur au Cabinet des Médailles entre 1830 et 1866, témoignent de ces modalités de connaissance et d’échange des objets antiques. Recruté alors que les musées employant directement des dessinateurs étaient rares, Muret a dessiné des objets de la collection du Cabinet, mais aussi des œuvres provenant d’autres musées ou détenus par des collectionneurs privés (la majorité des dessins). Il travaille à partir d'objets physiques, de moulages ou d’autres dessins trouvés dans des publications. Le…