« Les dessins anciens ne parlent pas que de mythologie ou de religion, certains abordent aussi l’actualité ! », plaide Louis-Antoine Prat, dont la collection (constituée avec son épouse Véronique) est présentée depuis hier au Petit Palais, et de la manière la plus complète à ce jour (182 dessins sur leurs 220). Ce croquis vigoureux de Géricault en est un exemple saisissant. Il décrit le meurtre d’Antoine Fualdès, un magistrat bonapartiste trucidé le 19 mars 1817, en pleine période de réaction. La scène ? Un bordel de Rodez (joliment appelé Maison Bancal, du nom de sa propriétaire) où l’on voit, à gauche, une pensionnaire nue, tirée par les cheveux. Au centre, sur ce qui ressemble à une table de dissection, Fualdès est proprement charcuté mais l’on ne voit dépasser que les pieds du patient. À droite, la tenancière fait boire son sang à un cochon… L’affaire passionna la France et Géricault caressa le projet d’en faire un grand tableau. Il produisit plusieurs dessins préparatoires mais préféra finalement se consacrer à un autre événement tout aussi médiatisé, le radeau de la Méduse...
« La force du dessin. Chefs-d’œuvre de la collection Prat » au Petit Palais, jusqu’au 4 octobre.
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