Visés par l’article 8 du décret n° 2020-545 du 11 mai qui leur interdit de recevoir du public, les monuments historiques peuvent cependant être ouverts par mesure dérogatoire préfectorale, après avis du maire, si les conditions sanitaires sont respectées. Un département très touristique comme l’Indre-et-Loire a permis certaines réouvertures dès le 16 mai. Beaucoup doivent encore attendre et, pour tous, la fermeture imposée pendant au moins deux mois va avoir des conséquences lourdes. Les établissements de l’État ou des collectivités territoriales pourront compter sur l’argent public. Mais les propriétaires privés ? « La situation est d’autant plus sévère que cette fermeture est intervenue au tout début de la saison touristique, explique Thibaud Lépissier, chargé de mission à la Demeure historique, association créée en 1924, qui réunit plus de 3000 propriétaires. Certains n’ont même pas eu le temps de rouvrir. Les mois d’hiver, de novembre à mars, sont ceux où l’on fait les plus gros investissements (notamment les travaux) et où, dans le même temps, on n’a pas ou très peu de recettes. Les propriétaires arrivent généralement au sortir de l’hiver avec une trésorerie très basse. » Les adhérents s’attendent à une perte de 70 % sur l’ensemble de l’année : après un retour à la normale très progressif, il faudra s’attendre à une baisse drastique du tourisme étranger. Pour certains, on est à deux doigts du krach. N’étant pour la plupart pas organisés sous forme de sociétés commerciales, mais plutôt de SCI ou d’associations, ils n’avaient même pas droit au fameux prêt garanti par l’État ! Il a fallu un lobbying efficace mené notamment par la Demeure historique (et son sous-groupe des Audacieux du patrimoine, créé en janvier dernier) pour intégrer les SCI dans ce dispositif, grâce à un décret publié le 6 mai. « Nous estimons que, sur les 3000 membres, un peu plus de la moitié, soit 1600, ont une activité économique, comme l’organisation de visites. Pour 600 d’entre eux, cette activité économique est primordiale pour l’équilibre financier du domaine », explique Alexandre de Vogüé, vice-président de l’association, et qui anime avec ses frères le château de Vaux-le-Vicomte. Pour ces 600 propriétaires, si l’activité ne reprend pas très vite ou si des mesures spécifiques ne sont pas prises (comme l’insertion…
Les propriétaires de monuments historiques sur la corde raide
Ils rouvrent, mais à petite vitesse... Pour les monuments historiques privés, les visites et autres activités économiques (hébergement, séminaires, etc.) sont un élément essentiel de leur équilibre. Faute de quoi, un certain nombre pourraient être bientôt en cessation de paiement.