Lors de l’annonce, le 28 avril, du plan de déconfinement prévu à partir du 11 mai, le Premier ministre Édouard Philippe annonçait la réouverture possible, sous condition du respect des mesures sanitaires, des « petits musées ». Et d’aucuns de s’interroger sur les critères de cette nouvelle catégorie : superficie, capacité de visites, nombre d'employé.e.s ? L’article 8 du décret paru le 11 mai précise qu’il s’agit des établissements « dont la fréquentation habituelle est essentiellement locale et dont la réouverture n'est pas susceptible de provoquer des déplacements significatifs de population ». Une définition qui rajoute du flou au flou et ne fait pas l’unanimité, loin de là. Sont donc exclus, jusqu’à un éventuel nouveau plan de déconfinement à partir du 2 juin, les musées qui attirent les foules, notamment à Paris : le Louvre, Orsay, le Quai Branly ou le Centre Pompidou devront attendre. Le 11 mai dans la capitale, le premier musée à rouvrir était le musée de l’Illusion – belle ironie en ces temps incertains – avant de refermer ses portes trois jours plus tard, faute d’autorisation préfectorale.
Est-il trop tôt pour rouvrir les musées, alors que le virus (et l’anxiété qui l’accompagne) circule encore et que les conditions de visite imposées sont loin d’être confortables ? Pourtant considéré comme un « petit » établissement, le musée Zadkine, à Paris, ne sortira pas du confinement dans les jours et mois à venir. Sa directrice Jeanne Brun s’en explique : « La configuration de l’établissement est particulière et certains points de passage sont très contraints. Nous allons travailler sur les circulations pour l'automne. » Chaque musée, grand, moyen ou petit, a ses particularités qu’il convient de prendre en compte. « Cela peut avoir l’air simple de rouvrir un musée, ajoute Jeanne Brun. Il faut cependant le faire en ayant vraiment pensé aux spécificités du terrain. » Aussi la conservatrice a-t-elle décidé que le musée n’accueillerait pas de public avant l’inauguration de la prochaine exposition, « Chagall-Zadkine », en novembre prochain, alors que les délais et procédures sont alourdis. « On sent que la situation se détend un peu, même si tous les temps de préparation et de montage sont allongés, analyse Jeanne Brun. Néanmoins, rouvrir un musée, symboliquement, c’est important, surtout après la période que nous venons de traverser. Mais n’ayant pas d’exposition en cours, nous n’avions pas la frustration de ne pas pouvoir montrer notre travail au public. » Ce…