C’est une véritable horreur du vide (horror vacui) qui imprègne la création de Fernando Nannetti (1926-1994), pensionnaire de l’asile psychiatrique de Volterra, en Toscane. De 1959 à 1973, le jeune homme, ancien électricien diagnostiqué schizophrène, couvre les murs de l’institution d’un mystérieux vocabulaire. Avec la boucle de sa ceinture, il grave des caractères curieusement apparentés à l’alphabet des Étrusques, qui occupaient la région 2000 ans plus tôt. Mais le contenu est bien contemporain, transcrit sa vie, son ascendance, les lieux de sa jeunesse à Rome, son époque (les Jeux olympiques de 1960, les techniques modernes – radars, avions, missiles) ou la pasta asciutta. Fermé depuis 40 ans, l’hôpital se délite lentement et le bien nommé livre de pierre, bizarre chef-d’œuvre du confinement, tombe en poussière…
À lire : Le Livre de pierre, de Lucienne Peiry, éditions Allia, 2020. Avec les photos de Pier Nello Manoni. L’auteur avait consacré en 2011 une exposition à Nannetti à la Collection de l’Art Brut à Lausanne.