La Suisse est depuis quelques années au centre de l’actualité en ce qui concerne la restitution des œuvres spoliées sous le régime nazi. L’affaire Gurlitt en a été l’épisode le plus médiatique : cette collection de 1566 œuvres, amassée par le marchand d’art Hildebrand Gurlitt (1895-1956) – qui était notamment chargé d’approvisionner le musée projeté par Hitler à Linz –, puis conservée par son fils Cornelius (1936-2014) à Munich et Salzbourg, a été révélée en 2013, avant d’être léguée au Kunstmuseum de Berne. Le musée a lancé, avec la collaboration du Land de Bavière, une enquête sur la provenance des œuvres douteuses, qui a donné lieu à deux expositions en 2017 et 2018.
Berlin, 1933
Dans le même temps, un autre musée suisse, le Kunstmuseum de Bâle, avançait sur un dossier moins connu du grand public, celui de la collection d’œuvres sur papier de Curt Glaser (1879-1943). Les quelque 200 feuilles qui le constituent ont été acquises aux enchères en 1933 à Berlin. L’historien de l’art Curt Glaser (1879-1943), après quinze ans au Cabinet des arts graphiques, avait été nommé en 1924 directeur de la Bibliothèque d’art de la capitale allemande. Il possédait une importante collection personnelle, qu’il décida de vendre dès l’accession au pouvoir de Hitler, lorsque, en tant que juif (bien que…