Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Paula Rego, les tourments du corps

Paula Rego, les tourments du corps

Née à Lisbonne, formée à Londres, Paula Rego (1935-2022) entame sa carrière avec le London Group, auprès d'Henry Moore, Frank Auerbach (mort fin 2024) ou David Hockney. De la Biennale de Saõ Paulo (1969) à la National Gallery (1990), de la Tate Britain (2005) au Reina Sofia (2007), elle achève sa trajectoire en 2022, à la 59e Biennale de Venise : le Portugal décrète un deuil national. « Mes thèmes préférés, disait-elle, sont les jeux de pouvoir. » La curatrice, Eva Reifert, ouvre sur de rares autoportraits (1954-2017) puis entre dans son registre majeur : le pouvoir sur le corps. Il y a les groupes énigmatiques de The Family (1988) ou The Dance (1989), peints quand son époux Victor Willing mourait de sclérose en plaques (leur fils, Nick, y pose dans le costume de son père), et Love (1995), où leur fille, Victoria, porte la robe de mariée de sa mère. Elle exhume la face noire des contes : la sombre fée de Collodi menace Pinocchio (The Blue Fairy Whispers to Pinocchio (1995), ou Gregor Samsa dépérit, nu, sur le dos, membres en l’air (Metamorphosing after Kafka, 2002). La femme des sept pastels de Possession (2004) n’est pas nue mais ses postures de tensions physiques et psychiques sur un divan (la parenté avec Lucian Freud saute aux yeux) mettent à nu ses tourments.

Article issu de l'édition N°2965