Certains artistes ont une pratique marquée par la répétition : le noir pour Soulages, le blanc pour Ryman, la ligne pour Agnès Martin. Elle atteint parfois l’obsession, comme chez Roman Opalka qui a passé près d’un demi-siècle à écrire une suite de numéros (en partant de 1 en 1965 pour arriver à 5 607 249 en août 2011). Peter Dreher, artiste allemand décédé le 20 février à l’âge de 87 ans, fait partie du club. De 1974 jusqu’à 2010, il s’est astreint chaque jour à peindre sur le même format (25 x 20 cm) le même motif : un simple verre d’eau vide. Les reflets (une fenêtre avec ses rideaux depuis 1981) changent légèrement selon qu’on est le matin ou le soir. Si ce stakhanoviste de la variation (qui compta Anselm Kiefer parmi ses élèves) a travaillé à d’autres séries (têtes de mort ou ciels), les verres éclipsent tout le reste : jusqu’en 2010, il en a produit plus de 5000, aujourd’hui disséminés dans d’innombrables collections et musées.
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