Samedi 25 janvier, lors de l'inauguration de la 69e exposition annuelle de Jeune Création – réunissant jusqu'au 2 février 55 artistes à Komunuma/Fondation Fiminco à Romainville (93) –, un groupe de jeunes artistes participants déroulait une bannière « FIMINCO + JEUNE CRÉATION, PRÉCARITÉ + GENTRIFICATION ». Un texte lu affirmait que « Jeune Création valide des fonctionnements qui entretiennent la précarité (des artistes) tout en les mettant en compétition. (...) Nous travaillons à perte, avec la visibilité pour seule rémunération ». Faisant le constat d'« une privatisation du monde de l'art qui va de pair avec un abaissement des fonds publics », il exprimait « l’espoir de construire collectivement une alternative solidaire et intersectionnelle à la marchandisation du monde ». Interrogé, Jérémy Chabaud, directeur de Jeune Création, nous confie que « l'association est ouverte au débat et solidaire de ces questionnements sur la rémunération des artistes. Il ne faut pas confondre les structures : Fiminco nous accorde une aide financière et nous prête gratuitement la Chaufferie pour l'exposition, avant que nous n'intégrions un autre espace sur place, pour un loyer de 1700 euros par mois. L'État est exsangue : il nous faut trouver d'autres moyens pour assumer notre mission de reconnaissance des artistes ». Il ajoute : « Nous offrons une rémunération de 150 euros, mais aussi une visibilité, un espace, des moyens techniques. Pour les expositions "curatées", le budget est de 1500 euros par artiste (production incluse), et chacun aura accès aux plateaux de production de la Fondation Fiminco. » Deux artistes ont quant à eux décidé, en soutien à l'action du 25 janvier, de se retirer de l'exposition « A Spoonful of Sugar », inaugurée ce samedi 1er février à Jeune Création. Dans une lettre, ils reprennent les arguments de leurs pairs et soulignent qu'« il est aujourd'hui possible d'adresser plus frontalement notre critique aux institutions responsables de ces violences ». D'autres artistes ont décidé de déplacer leurs œuvres hors de l'exposition (sans rompre totalement avec le projet) ou de les remplacer par des textes.