Le photographe sud-africain Santu Mofokeng est décédé le 27 janvier à l’âge de 63 ans. Au moins aussi connu que son compatriote David Goldblatt, disparu en 2018, il débute durant les années 1970 dans différents journaux sud-africains puis se détourne de l’actualité pour se consacrer à des travaux sur le long terme. « La lenteur est devenue ma force », expliquait-il. Photographe noir dans le pays de l’Apartheid, il intègre le collectif militant Afrapix dont l’objectif était de dénoncer la ségrégation raciale qui est à son comble en cette décennie précédant la libération de Nelson Mandela. Dès son premier essai photographique intitulé Train Church (1986), Santu Mofokeng commence son exploration des rituels religieux et du déplacement des lieux de culte. Rompant avec les normes établies, en 1995, il mêle des portraits de famille à ses propres images pour aborder la question de la mémoire, démarche qui aboutira à The Black Photo Album/Look at Me: 1890-1950 (à voir au musée du quai Branly dans l’exposition collective « À toi appartient le regard… » à partir du 31 mars). Par la suite, son exploration du paysage, thème récurent dans son travail, est l’occasion d’interroger l’Histoire dans son propre pays mais aussi ailleurs, à Auschwitz, Ravensbrück ou Hiroshima, pour les séries Trauma Landscapes et Landscape and Memory. Dans les années 2000, Santu Mofokeng continue à porter son attention sur les conséquences de l’Apartheid et du Sida. Reconnu internationalement, son travail a fait l’objet d’une rétrospective au Jeu de Paume en 2011.