Le Quotidien de l'Art

Expositions : le musée fait son cinéma

Expositions : le musée fait son cinéma
Introduction de l’exposition « L'Œil extatique. Sergueï Eisenstein, cinéaste à la croisée des arts » jusqu'au 24 février 2020 au Centre Pompidou-Metz. De gauche à droite : ¡ Que viva Mexico !, 1932 ; Octobre, 1927 ; Le Cuirassé Potemkine, 1925.
Photo Jacqueline Trichard/© Centre Pompidou-Metz 2019.

Tandis que les expositions de cinéma se multiplient, souvent pour le relier à l'art, présenter des films au musée demeure un paradoxe. 

enquête

Consacrer les liens entre beaux-arts et cinéma ? On dirait que les musées se sont donné le mot. « Quand la programmation des musées de France est sortie, nous avons été très surpris de constater que nous étions loin d’être les seuls à nous intéresser cette saison aux liens entre art et cinéma… », tique Joanne Snrech, co-commissaire avec Dominique Païni de l’exposition « Arts et cinéma », jusqu’au 10 février au musée des Beaux-Arts de Rouen. Après avoir mis l’accent sur la mode et les arts décoratifs, c’est donc au tour du cinéma d’accéder aux cimaises. « Il a fallu composer avec des contraintes inhabituelles, faire en sorte que les sons ne se superposent pas trop, trouver la meilleure manière d’installer écrans et projecteurs, intégrer les cartels aux vidéos pour ne pas alourdir l’ensemble », relate Joanne Snrech. « Nous souhaitons mettre en majesté cet art d’habitude montré comme un simple contrepoint dans nos salles », poursuit-elle. Ainsi, les commissaires ont-ils choisi de présenter 30 courts extraits de films – mais aussi des esquisses préparatoires, des maquettes, des affiches – en miroir d’œuvres picturales qui ont marqué l’histoire de l’art, au fil d’un parcours scénographique qui s’étire de l’impressionnisme à la Nouvelle Vague. Une manière de pointer les échanges féconds dont se nourrissent cinéma et peinture depuis les premières projections des frères Lumière qui, comme Monet ou Pissarro, étaient fascinés par les scènes de la modernité. Selon Joanne Snrech, c’est le « parallèle lumineux » entre un monochrome d’Yves Klein et la scène de Pierrot le fou dans laquelle Jean-Paul Belmondo se peint le visage en bleu qui « a emporté la décision de monter cette exposition ». Celle-ci regorge de résonnances troublantes, comme cette Danse du papillon, film expérimental de la pionnière Alice Guy qui évoque l’abstraction en peinture, ou l’intérêt de Fernand Léger et Picasso pour Charlot. Ces liens étaient aussi au cœur de l’exposition « Cinématisse », organisée par Claudine Grammont et Dominique Païni (encore lui) au musée Matisse de Nice, jusqu’au 5 janvier dernier. « À propos des Parapluies de Cherbourg, Jacques Demy dit lui-même que…

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