Le Quotidien de l'Art

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La Fab, une maison pour la collection Agnès b. 

La Fab, une maison pour la collection Agnès b. 
Vue de la façade de La Fab.
© La Fab.

Une galerie, une libraire et une salle d’exposition : la fabrique « culturelle et solidaire » d’Agnès b. ouvre ses portes au public le dimanche 2 février, dans le XIIIe arrondissement de Paris. 

Elle a choisi le XIIIe arrondissement, sans le charme désuet de la Butte aux Cailles. C’est dans le nouveau quartier de la Bibliothèque nationale de France, recouvrant d’anciennes friches ferroviaires et industrielles, qu’Agnès Troublé, dite Agnès b., termine d’installer sa fabrique « culturelle et solidaire ». Inaugurée le 31 janvier, et ouvrant ses portes au public le 2 février, La Fab investira les deux premiers niveaux d’un bâtiment posé sur pilotis au-dessus du RER C, dont la construction s’est achevée fin 2017, sur l’ancienne voie BR/13 rebaptisée place Jean-Michel Basquiat. Un nom qui ne laisse évidemment pas indifférente cette styliste passionnée d’art contemporain, également galeriste, mécène et collectionneuse. Pendant plusieurs années, les recherches se sont plutôt portées sur la Seine-Saint-Denis. Un temps, c’est Montreuil qui avait été envisagé comme point de chute. Mais une rencontre avec le maire du XIIIe en a décidé autrement. « Jérôme Coumet adore les graffitis, alors quand il a su que je cherchais un lieu, il m’a proposé d’occuper le rez-de-chaussée et le premier étage d’un immeuble de logements sociaux tout moderne, plutôt que de laisser s’y installer un supermarché… », évoque la propriétaire de la Galerie du Jour. « Il y a ici un esprit ouvert vers le futur que j’aime bien. C’est aéré, avec la Seine pas loin, le MK2, la Grande Bibliothèque… », ajoute-t-elle. « On est dans un nouveau quartier, à équidistance d’Ivry et du centre de Paris, et qui ne correspond pas à l’image d’Épinal de Paris », insiste Sébastien Ruiz, secrétaire général du fonds de dotation Agnès b. 

Plusieurs heureux hasards ont contribué au charme du lieu. D’abord cette place qui porte le nom d’un artiste américain auquel Agnès b. acheta un autoportrait à New York dès 1984. Et puis cet architecte chargé de dessiner l’espace à l’intérieur du bâtiment, Augustin Rosenstiehl (agence SOA architectes), qui est un proche de sa famille. Ou encore la présence sur la même place de ses « amis » du Point Éphémère qui ont ouvert juste en face un « café culturel », EP7. « Ce sont des histoires qui me plaisent, tout va de soi », nous dit-elle.

Ensemblière

Il aura fallu composer avec les contraintes d’un lieu, de la vibration des vérins, ces tubes qui servent à amortir les secousses liées au passage souterrain des trains, aux multiples vitres ouvrant sur l’extérieur qui ont obligé à installer des cloisons coulissantes. Mais in fine, deux plateaux de 1400 m2 au total s’apprêtent à accueillir la Galerie du Jour et la librairie éponyme, qui avaient quitté en 2018 la rue Quincampoix pour voyager hors-les-murs, ainsi qu’un espace d’exposition de 700 m2. « J’ai imaginé la galerie comme une maison où tout serait à vendre, le mobilier comme les œuvres au mur, des créations de jeunes designers, des photos, des sculptures… Je veux être ensemblière ! », s’exclame Agnès Troublé. Dans l'espace d’exposition seront présentées, a priori trois fois par an, 250 à 500 œuvres sélectionnées parmi les quelque 5000 pièces d’une collection de peintures, graffitis, dessins, photos, vidéos et sculptures, constituée depuis près de 40 ans. Cette zone payante affichera un prix d’entrée de 7 euros, avec un tarif réduit à 4 euros. 

Dimanche 2 février, La Fab ouvrira ses portes. En attendant, l’heure est à l’accrochage. Et Agnès Troublé donne son temps sans compter : « J’adore ces moments de partage avec l’équipe. » Elle a choisi le thème de la première exposition qui mettra la « hardiesse » à l’honneur. « C’est ça qui me bouleverse, qu’un artiste ose. Qu’il doute, mais qu’il y aille quand même », confie-t-elle. C’est précisément ce qui rend si touchant à ses yeux le travail des jeunes talents, ces artistes qui débutent, ceux dont la renommée n’est pas encore faite. Jean-Michel Basquiat au milieu des années 1980, le cinéaste et plasticien américain Harmony Korine, figure de proue de la pop culture, qui avait à peine plus de 20 ans quand elle l’a découvert, Claire Tabouret, jeune peintre dont elle fut la première à montrer le travail… Hardiesse ? On peut lui retourner le compliment : « Le doute fait partie de moi mais avec le temps, j’ai appris à faire confiance à mon regard… »

Agnès b.
Agnès b.
© Patrick Swirc.
Vue de la façade de La Fab.
Vue de la façade de La Fab.
© La Fab.
La famille Basquiat lors de
l’inauguration de la Place
Jean-Michel Basquiat, Paris 13ème.
La famille Basquiat lors de
l’inauguration de la Place
Jean-Michel Basquiat, Paris 13ème.
© La Fab.

Article issu de l'édition N°1867