Un spectacle, à Noël, est venu illuminer Paris : celui d'une quarantaine de danseuses de l'Opéra bravant le froid pour exécuter sur le parvis vinylisé du Palais Garnier un extrait du Lac des Cygnes, sous des banderoles « Opéra de Paris en grève » et « La culture en danger ». Les images ont fait le tour du monde, la juxtaposition de la grâce absolue et de messages de détresse témoignant de la violence sociale que subissent en France les artistes, précaires parmi les précaires. Hier, 9 janvier, les cortèges Art en grève, CGT-Culture ou CGT-Spectacle ont rejoint, comme c'est le cas depuis début décembre, le flot des manifestants opposés à la réforme des retraites. Mercredi, le choeur de Radio France interprétait le « Chœur des esclaves » du Nabucco de Verdi face à Sybile Veil, présidente de l'institution qui prévoit 299 suppressions de postes et dont les salarié.e.s sont en grève depuis 39 jours. Des interventions ont également eu lieu à la BPI, la BnF, le Mobilier national, la bibliothèque de l'INHA, aux Archives nationales, au château de Versailles et dans plusieurs écoles d'art. Des représentations ont été annulées à l'Opéra de Lyon et à celui de Paris, ou encore au T2G de Gennevilliers, tandis qu'hier étaient fermés la BPI, le musée Picasso, l'Arc de Triomphe ou encore le château de Pau. Ainsi on aura rarement autant vu (peut-être faut-il remonter aux années 1968-1970) le secteur culturel rejoindre la contestation sociale. Lundi avait lieu au théâtre de la Traversière la première assemblée générale regroupant les travailleurs des arts. En ce qui concerne les arts plastiques, des collectifs s'organisent pour proposer des actions et des solutions, comme en témoignent notamment les multiples AG organisées par Art en grève (qui regroupe divers collectifs) à Paris et dans toute la France.