Le Quotidien de l'Art

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Face aux inquiétudes, les travailleurs de la culture se mobilisent

Face aux inquiétudes, les travailleurs de la culture se mobilisent
L’assemblée générale du SNAPcgt le Mardi 11 février à la Bourse du Travail à Paris.
© X / Louise Héritier.

Mardi 11 février à la Bourse du Travail, à Paris, l'assemblée générale initiée par le SNAPcgt (syndicat des créateurs des arts graphiques, plastiques et visuels) présentait un cahier des charges dense, face à une salle pleine réunissant environ 500 artistes, comédiens ou musiciens, soutenus par la prise de parole du député Raphaël Arnault (LFI) : « Vous êtes, en tant que professionnels de la culture, des résistants et résistantes contre la montée du fascisme. Vous êtes garants de l'esprit critique. Notre pire ennemi, c'est la résignation. » Les réformes et coupures budgétaires annoncées ces derniers mois par les collectivités et le gouvernement font l'effet d'une déferlante sur le secteur culturel. Le 1er janvier entrait en vigueur la loi dite « pour le plein-emploi » du 18 décembre 2023. Sa principale mesure porte sur le RSA, dont l'allocation est désormais liée à la validation d'une durée hebdomadaire d’activité d’au moins 15 heures. La réforme touche de nombreux artistes, auteurs et illustrateurs, pour lesquels le RSA (635,71 euros par mois pour une personne seule), cumulé avec d'autres aides sociales et les revenus de leur création, représente le seul moyen de poursuivre une activité artistique. Deux semaines plus tard, le 17 janvier, Rachida Dati annonçait que le ministère de la Culture devrait encore réaliser 50 millions d’économies en 2025, après les 100 millions déjà actés par le gouvernement Barnier. Le 31 janvier, le ministère de l’Éducation nationale faisait quant à lui part du gel de la part collective du pass Culture. Autre menace : l'abaissement des seuils de TVA spécifiques aux artistes-auteurs et artistes-interprètes. Ceux-ci sont jusqu'à présent dispensés du paiement de la taxe lorsqu’ils n’ont pas réalisé en France un chiffre d’affaires excédant 50 000 euros pour les « œuvres de l'esprit ». Le 6 février, Éric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances, annonçait la suspension de la modification de l’article 293B du Code général des impôts, en vigueur depuis le 1er janvier, qui abaisse ce seuil à 25 000 euros. La mesure, actuellement redébattue à Bercy, menace cependant d’entrer en vigueur au 1er mars. « Une situation inacceptable et contre-productive à tous points de vue pour les artistes-auteurs », dénoncent la Maison des Artistes et son syndicat le SMdA-CFDT dans un communiqué. Soit, en détail, « charge administrative supplémentaire éloignant de la création, augmentation mécanique des prix de vente des œuvres et autres activités, abaissement du chiffre d’affaires de l’artiste-auteur en cas de non-répercussion de la TVA sur le prix de vente ». Face à ces diverses réformes, le milieu de la culture se mobilise. Après une première assemblée générale à Marseille le 6 février, organisée par diverses organisations syndicales et collectifs, rendez-vous est à nouveau pris au théâtre de La Criée le 19 février, tandis qu'une réunion a eu lieu à Nantes ce 12 février, et d'autres sont prévues le 18 février au Théâtre national populaire de Villeurbanne, et le même jour, à nouveau à la Bourse du Travail à Paris.

Article issu de l'édition N°2988