Le Quotidien de l'Art

Tourisme culturel : les nouvelles alternatives

Tourisme culturel : les nouvelles alternatives
La salle de la pyramide inversée, Carrousel du Louvre, Paris.
© CC0.

Musées et monuments attirent chaque année plus de visiteurs. Un phénomène de masse qui oblige les acteurs de la culture à revoir leurs objectifs et à repenser la notion même de tourisme culturel.

Bientôt 100 millions de touristes étrangers en France chaque année ? C’est, en tout cas, l’objectif que s’est fixé le gouvernement en mai dernier à l’occasion d’un Comité interministériel du tourisme. Le total, en 2018, était de 89,4 millions (pour 66,9 millions d’habitants) – un chiffre en augmentation constante qui permet à la France de conserver sa place de première destination touristique mondiale. Parmi ceux-là, beaucoup visitent les musées et monuments historiques. Beaucoup, voire trop ? Ne serait-il pas judicieux de décélérer, ou au moins de changer les habitudes touristiques ? De l’autre côté des Alpes, l’exemple de Venise fait frémir : alors que la Cité des Doges s’enfonce peu à peu sous les pas des quelque 35 millions de visiteurs annuels, son maire Luigi Brugnaro a recensé dans un guide les « douze bonnes pratiques du visiteur responsable », qui sonnent presque comme des avertissements. Du type : « Marcher droit (sic), ne pas stationner sur les ponts. » Maintes fois repoussé, le projet d’imposer aux touristes une « taxe de débarquement » de 3 à 10 euros devrait entrer en vigueur le 1er juillet 2020, et rapporter environ 50 millions d’euros par an. Mais sa mise en place est complexe et ses effets dissuasifs peu convaincants. Faut-il définitivement empêcher l’accès aux sites en danger ? En France, une proposition de loi a été adoptée ce 21 novembre par le Sénat afin de réguler l’hyper-fréquentation des sites naturels et culturels dont l’accès serait limité par les maires. 

Avec 24 millions de touristes en 2018 (40 millions avec la Grande Couronne), Paris n’est pas en reste. Le Louvre, qui a dépassé l’an passé la barre symbolique des 10 millions de visiteurs (dont trois quarts d’étrangers), reste le musée le plus visité au monde. Mais, le rappelait lui-même son président-directeur Jean-Luc Martinez à l’annonce de ces chiffres, « il ne s’agit pas d’accueillir plus, mais d’accueillir mieux ». Avec 70 % de primo-visiteurs, le musée connaît un renouvellement constant d’un public acquis, dont il est difficile de ralentir le flux. Inauguré en 2016, le projet Pyramide a mis en place une meilleure infrastructure (multiplication des points d’accueil et automatisation des vestiaires), tandis que la billetterie en ligne permet de réduire les files d’attente. Le but, selon Marina Pia-Vitali, sous-directrice de la médiation : « autonomiser les visiteurs ». « Se perdre dans le Louvre a son charme, mais il ne faut pas que cela devienne un cauchemar », souligne-t-elle, évoquant l’important travail fait sur la signalétique pour les visiteurs arpentant ce vaste labyrinthe qui s’étend sur trois ailes poreuses où de nouveaux tracés sont proposés. Le musée explique par ailleurs avoir remplacé depuis janvier les dimanches gratuits, où se pressaient 50 000 personnes, par la Nocturne du samedi (soirée mensuelle gratuite), qui accueille en…

Tourisme culturel : les nouvelles alternatives
Tourisme culturel : les nouvelles alternatives

Les abonnés ont accès à l'intégralité des articles du Quotidien de l'Art.

Découvrez toutes nos offres d'abonnements.

Je m'abonne

À lire aussi



Édition N°2583 / 05 avril 2023

23 %

La baisse du visitorat culturel en Grande-Bretagne

Par Jade Pillaudin


Touristes chinois : une absence à combler
Article abonné

Article issu de l'édition N°1842