Lorsqu’une foire vante l’élargissement de la scène artistique internationale qu’elle représente en citant l’Afrique, on s’attend généralement à trouver des galeries sudafricaines bien établies, telles Stevenson et Goodman, qui ont affiché une présence remarquée cette année à Art Basel et à Frieze London. On ne les verra cependant pas à la FIAC, qui a misé sur le retour de la galerie tunisienne Selma Feriani et surtout sur une première participation de la galerie Cécile Fakhoury, fondée en 2012 à Abidjan et aussi basée à Dakar depuis un an. Cette dernière expose un solo show de peintures récentes de Ouattara Watts, artiste ivoirien de 62 ans, formé aux Beaux-Arts de Paris et parti faire carrière aux États-Unis après sa rencontre avec Jean-Michel Basquiat à Paris en 1988. « L’exposition que nous lui avons consacrée l’an dernier à Abidjan (la première dans son pays d’origine) lui a donné un rayonnement local et à l’étranger, d’où l’idée de le montrer à la FIAC », souligne la galeriste.
Une artiste malawienne qui monte
La création africaine sera également plus visible dans les allées du Grand Palais, sous l’enseigne parisienne d’André Magnin (ancien directeur de la collection d’art contemporain africain Pigozzi) dont l’espace d’exposition a été inauguré en 2018, ce qui l’a encouragé à postuler pour la première fois à la FIAC avec Romuald Hazoumé, connu pour ses masques réalisés avec des bidons. La galerie Magnin-A présente aussi des peintures, photographies et une installation de l’artiste béninois. Et puisque les solos shows donnent une belle visibilité aux artistes, signalons encore celui du Nigérian Emeka Ogboh chez la Parisienne Imane Farès, qui dévoile la nouvelle série de photographies « Sufferhead Original » (Paris Edition), prises à Paris dans différents lieux liés à l’histoire coloniale de la France. Les modèles portent des T-shirts ornés de textes assez édifiants issus de propos tenus par des personnalités politiques françaises sur le thème de l’immigration. Venue de Chicago, Mariane Ibrahim montre des portraits du peintre ghanéen Amoako Boafo, donnant une noblesse à la figure noire. Notons aussi le retour du Camerounais Barthélémy Toguo chez Lelong & Co., du Camerounais Pascale Marthine Tayou à la galerie Continua ainsi que du Béninois Meschac Gaba à la galerie In Situ - Fabienne Leclerc qui présente aussi des oeuvres de la Nigériane Otobong Nkanga, primée cette année d’une mention spéciale à la Biennale de Venise. Ouverte depuis longtemps sur les scènes étrangères (chinoise, indienne, etc.), la galerie Templon montre au sein d’un group show des peintures du Sénégalais Omar Ba, et des oeuvres textiles de Billie Zangewa, tout juste arrivée dans son écurie. Les tissus brodés de l’artiste malawienne qui se vendaient 12 000 euros en 2012 en galerie, sont montés à 25 000 euros en 2015. Aujourd’hui, il faut compter près de 50 000 euros pour une pièce. Une preuve entre d’autres que pour l’art africain, le marché est de plus en plus international et inclusif.