La collection Pinault ouvrira ses portes mi-juin 2020 juste avant la foire de Bâle dans un bâtiment entièrement rénové au terme d’un chantier initié fin 2016 sous la férule de l’architecte Tadao Andō pour un budget de 155 millions d’euros, dont un tiers dévolu à la restauration. « Chaque brique, chaque poutre ont été restaurées selon l’état de référence de 1889 », précise Martin Béthenod, directeur du Palazzo Grassi et de la Punta della Dogana à Venise. Et d’ajouter : « Ce bâtiment, qui fut un ancien Palais Royal, puis un stock à grain, puis le cœur de l’économie et enfin un lieu de bureaucratie, appartient désormais à un nouveau registre de valeurs au XXIe siècle en étant dédié à l’art et la culture. »
À l’intérieur du bâtiment ancien circulaire, Tadao Andō a inséré une structure cylindrique en béton de 640 m2 et 9 mètres de hauteur, impressionnant espace de vide et de silence. Au premier étage, sept salles d’exposition de 150 à 640 m2 ont été imaginées. Au total, ce nouvel équipement parisien, qui s’ajoute au Palazzo Grassi et à la Pointe de la Douane, offrira 2800 m2 de surface d’exposition avec également un auditorium de 300 places et une « black box » destinée à la présentation d’œuvres expérimentales sonores ou visuelles. Les trois bâtiments de la collection Pinault totalisent ainsi près de 9000 m2 de surface d’exposition. Et comme le fait remarquer Jean-Jacques Aillagon, ces trois architectures ont chacune une forme géometrique pure : le carré pour la Palazzo Grassi, le rectangle pour la Punta della Dogana et le rond pour la Bourse de Commerce. Mais contrairement à Venise, la multiplicité des espaces d’exposition permettra une programmation permanente, sans fermeture du lieu d’une exposition à une autre, allant d’œuvres monumentales dans le cylindre d’Andō à des expositions de photo et de dessins dans les autres espaces. La conception du mobilier intérieur et extérieur de la Bourse de Commerce a été confiée à Ronan et Erwan Bouroullec, tandis qu’au deuxième étage Michel va créer un restaurant de bistronomie, dont le menu fera la part belle aux graines, en référence à l’ancienne activité du bâtiment. Enfin, on pourra aussi y voir en permanence deux merveilles de l’histoire du lieu : l’escalier hélicoïdal du XVIIe siècle, seul vestige du bâtiment édifié pour Catherine de Médicis, ainsi que des machines « frigo » magnifiques que l’architecte des monuments historiques a souhaité conserver.