C'est un bleu nuit, profond et froid, qui orne désormais les murs de la célèbre salle des États du Louvre, rouverte hier au public. « Nous ne souhaitions pas que la couleur du mur entre en concurrence avec les tableaux », commente le conservateur Vincent Delieuvin, qui a participé au chantier de rénovation de l'espace. L'équipe a pensé la rénovation de cette pièce dans sa globalité : l'accrochage des 43 tableaux qui l'ornent a été revu et quelques tableaux du Titien y ont été ajoutés. En plus de la Joconde – munie désormais d'un nouveau verre protecteur –, l'objectif était de « mettre en valeur les œuvres de Véronèse et du Titien, les points forts de la collection », ajoute Vincent Delieuvin. L'ensemble de la médiation et la gestion des flux de visiteurs ont également été révisés : plusieurs cartels simples (avec les informations essentielles en français, anglais, espagnol et chinois) sont égrenés le long des deux files d'attentes en serpentin qui mènent au but essentiel : « Chaque visiteur aura un accès privilégié à la Joconde », nous assure Servane De Landsheer, adjointe du directeur de l’accueil du public et de la surveillance. Financée par Axa, cette rénovation est la première en 14 ans. Entre 2001 et 2005, la salle des États avait été complètement réaménagée et la verrière changée grâce au mécénat de Nippon Television Network, qui avait pris en charge la quasi totalité des 4,8 millions d'euros du chantier. Conçue entre 1855 et 1857 par l'architecte Hector Lefuel pour être l'écrin des séances législatives sous Napoléon III, cette pièce fut pleinement mise à disposition du musée pendant la Troisième République, devenant la salle des peintures françaises. En 1966, La Joconde y est installée et n'en a plus bougé depuis, sauf entre 1992 et 1995, où elle figurait dans l'accrochage de la Grande Galerie, et récemment (de juillet à hier), lors des travaux, pour être installée dans la Galerie Médicis.