Le Quotidien de l'Art

Politique culturelle

Al Ula : 6 musées au cœur du désert

Al Ula : 6 musées au cœur du désert
Les tombes d'Hegra.
Photo Royal Commission for Al Ula 2018.

Hier après-midi, alors que l'exposition « Al Ula » ouvrait ses portes à l'Institut du monde arabe, la véritable première pierre de la coopération franco-saoudienne pour le développement de ce territoire vierge a été posée, presque un an après la signature de l'accord entre les deux pays, le 10 avril 2018.

Les choses vont aller vite maintenant que le Manifeste culturel d'Al Ula a été dévoilé, hier, lors d'une conférence de presse à l'Institut du monde arabe, en amont du vernissage de l'exposition qui figure déjà comme « un temps fort de la mise en lumière et révélation au monde d'Al Ula », comme l'a introduit Gérard Mestrallet, président de l'Agence française pour le développement d'Al Ula (Afalula). Les grandes lignes ont été dévoilées par Jean-François Charnier, responsable scientifique du pôle culture et patrimoine d'Afalula, dont les bases reposent sur l'archéologie et la recherche. Le royaume a entamé une petite révolution à l'instigation du prince héritier Mohammed ben Salman (MBS, peu en odeur de sainteté en Occident depuis l'affaire Khashoggi) qui entend faire de cette région la capitale culturelle, en reconnaissant une continuité historique avec les civilisations pré-islamiques, renversant a priori les fondements du wahhabisme, qui faisait commencer l'histoire avec l'Islam. Les premiers projets se concrétiseront par le lancement de sept missions archéologiques dès le mois d'octobre – avec une soixantaine d'archéologues du CNRS, des anthropologues du Muséum d'histoire naturelle, etc. – dont les travaux participeront à la compréhension et à l'écriture de l'histoire de l'oasis d'Al Ula, depuis la Préhistoire jusqu'à nos jours. À terme, serait créé un centre de recherches – le Kingdom Institute and Research Campus – qui pourrait devenir le « Getty Institute du Proche Orient » pour l'étude de l'art islamique ou pré-islamique, soit une autorité scienfitique de référence dans la région.

Repenser le concept de musée

« Nous allons essayer de réinventer l'idée même du musée autour d'une constellation des arts, de l'intégration de sites, de réflexions sur l'archéologie et l'histoire de l'art pour créer des équipements d'un nouveau genre » indique Jean-François Charnier. Cette muséologie du futur se déclinera en six grands musées. Le Black Basalte Museum - qui mérite son nom car posé sur le plateau du Harrat, grande étendue basaltique et désertique - traitera de l'histoire de la planète, de la Préhistoire, de cette couleur noire déclinée jusqu'à l'art contemporain. Le site phare Nabatéen de Hégra (la petite sœur de Pétra datant du Ier siècle de notre ère) sera raconté dans un centre d'interprétation (comprendre l'emplacement des tombes par rapport à la ville, les différentes influences qui ont abouti à un art syncrétique). La nature et l'écologie seront au cœur d'autres institutions : un musée du cheval ; les Life and Memory Galleries, qui évoqueront l'oasis et le génie de l'exploitation de l'eau ; Skyview, une sorte de planétarium moderne rendant hommage à la beauté de la voûte étoilée et à l'avancées des sciences du monde arabe ; la réserve naturelle de Sharaan, l'écrin pour introduire des léopards d'Arabie, une espèce protégée. C'est le milliardaire, collectionneur et mécène Thomas Kaplan, à travers sa société Panthera, qui supervise ce projet, très cher à MBS.

19 milliards ?

L'art contemporain est bien sûr de la partie, avec un centre d'exposition (et des cartes blanches à des commissaires invités) ainsi qu'une « Vallée des arts » (Wadi Al Fann) qui fonctionnera sur le principe de commandes de sculptures monumentales (le projet mérite encore d'être défini pour qu'il ne s'agisse pas d'une simple accumulation). Enfin, l'ancienne ville d'Al Ula, construite en terre et dont les dernières maisons ont été abandonnées au début des années 1980, va être restaurée en partie pour y installer des ateliers d'artisans, des résidences d'artistes... Pour l'instant, aucun calendrier n'est arrêté, la priorité étant donnée à la validation du masterplan, soumis par l'Afalula et qui comprend d'autres volets de développement : l'agriculture, l'architecture, le tourisme, l'hotellerie, la sécurité, la gestion de l'eau, le parfum et la botanique... Si le chiffre de 50 milliards d'euros a un temps circulé, Amr Al-Madani, le président-directeur général de la Commission royale pour Al Ula, avance aujourd'hui 19 milliards...

Tombes nabatéennes, Hégra, Arabie Saoudite.
Tombes nabatéennes, Hégra, Arabie Saoudite.
Photo Yann Arthus-Bertrand/Hope Production 2019.
L’oasis et les montagnes de grès rouge d’Al Ula.
L’oasis et les montagnes de grès rouge d’Al Ula.
Photo Virginia Cassola.
Elephant Rock.
Elephant Rock.
Photo Royal Commission for Al Ula 2018.
Animal rock art.
Animal rock art.
Photo Royal Commission for Al Ula 2018.
Le mur de Tantora.
Le mur de Tantora.
Photo Royal Commission for Al Ula 2018.
Oasis d’Al Ula.
Oasis d’Al Ula.
Photo Yann Arthus-Bertrand/Hope Production 2019.
Vieille ville d’Al Ula.
Vieille ville d’Al Ula.
Photo Yann Arthus-Bertrand/Hope Production 2019.
Antonin Jaussen, le père Raphaël Savignac prenant un cliché des lions sculptés de Dadan (al-Khuraybah), AlUla, 1910.
Antonin Jaussen, le père Raphaël Savignac prenant un cliché des lions sculptés de Dadan (al-Khuraybah), AlUla, 1910.
Jérusalem, École biblique et archéologique française.
Antonin Jaussen, le père Raphaël Savignac réalisant l’estampage d’une inscription gravée sur un tombeau nabatéen, Hégra, 1907.
Antonin Jaussen, le père Raphaël Savignac réalisant l’estampage d’une inscription gravée sur un tombeau nabatéen, Hégra, 1907.
Jérusalem, École biblique et archéologique française.
Tombes nabatéennes.
Tombes nabatéennes.
Photo Stéphanie Pioda.
Bas-relief décoré d’un lion, sanctuaire de Dadan (al-Khuraybah), Al Ula. Ve-Ier siècle avant J.-C. Riyâd. Musée du département d’Archéologie, Université du roi Saud.
Bas-relief décoré d’un lion, sanctuaire de Dadan (al-Khuraybah), Al Ula. Ve-Ier siècle avant J.-C. Riyâd. Musée du département d’Archéologie, Université du roi Saud.
Musée du département d’Archéologie, Université du roi Saud.
Visage d’un ex-voto, sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C. , grès rouge, 14 x 12 x 1 cm.
Visage d’un ex-voto, sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C. , grès rouge, 14 x 12 x 1 cm.


Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine National.

Visage d’un ex-voto, 9,5 x 6,5 x 6,3 cm.
Visage d’un ex-voto, 9,5 x 6,5 x 6,3 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine National.
Visage d’un ex-voto, Sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 9,5 x 5,5 x 2,6 cm.
Visage d’un ex-voto, Sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 9,5 x 5,5 x 2,6 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine National.
Inscription dadanite mentionnant un pèlerinage au sanctuaire d'Umm Daraj Sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 32 x 32 cm.
Inscription dadanite mentionnant un pèlerinage au sanctuaire d'Umm Daraj Sanctuaire d’Umm Daraj, Al Ula Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 32 x 32 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine National.
Brûle-encens avec inscription dadanite, sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 70 x 26 x 25 cm.
Brûle-encens avec inscription dadanite, sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 70 x 26 x 25 cm.
Riyâd, Université du roi Saud.
Statue d’homme brisée à hauteur des genoux, Sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge,  120 x 51 x 22 cm.
Statue d’homme brisée à hauteur des genoux, Sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 120 x 51 x 22 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine national.
Linteau avec inscription dadanite
Sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 24 x 118 x 18 cm.
Linteau avec inscription dadanite
Sanctuaire de Dadan (Al-Khuraybah), Al Ula, Arabie saoudite, Ve-Ier siècle av. J.-C., grès rouge, 24 x 118 x 18 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine national.
Coffret à cosmétiques
Hégra (Madâin Sâlih), Arabie saoudite, Époque nabatéenne, bronze, 12.3 x 17.5 x 1 cm.
Coffret à cosmétiques
Hégra (Madâin Sâlih), Arabie saoudite, Époque nabatéenne, bronze, 12.3 x 17.5 x 1 cm.


Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine national.

Fragment de linceul de transport
Tombeau IGN 117, Hégra (Madâin Sâlih), Arabie saoudite, Époque nabatéenne cuir,  27 x 20 cm.
Fragment de linceul de transport
Tombeau IGN 117, Hégra (Madâin Sâlih), Arabie saoudite, Époque nabatéenne cuir, 27 x 20 cm.
Riyâd, Commission saoudienne pour le Tourisme et le Patrimoine national.
Chèvre, fort romain, Hégra, époque romaine Al Ula, musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.
Chèvre, fort romain, Hégra, époque romaine Al Ula, musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.
musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.
Satyre faisant partie de la poignée d’un grand vase, fort romain, Hégra, époque romaine Al Ula, musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.
Satyre faisant partie de la poignée d’un grand vase, fort romain, Hégra, époque romaine Al Ula, musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.
musée d’Archéologie et de Patrimoine populaire.

Article issu de l'édition N°1806