S’il est un fait indiscutable que tous les amateurs d’art ancien connaissent bien, c’est que nombre d’objets archéologiques exposés dans les vitrines de nos musées, patientant dans les réserves ou circulant sur le marché de l’art, ont littéralement perdu la mémoire. Il arrive souvent que nous ignorions même quand telle œuvre est entrée dans telle collection. En effet, nombre d’entre elles, sans contexte, ne proviennent pas de véritables fouilles archéologiques mais de découvertes anciennes, à une époque où l’archéologie scientifique balbutiait, la discipline de l’inventaire naissait à peine et où, précisément, la majorité des grandes collections muséales se sont formées.
Le répertoire des ventes d’antiques
Depuis 2012, l’INHA et le musée du Louvre ont initié ensemble un programme de recherche, le « répertoire des ventes d’antiques au XIXe siècle », avec un objectif simple mais ambitieux : lister et analyser les ventes d’objets antiques, prioritairement sur le marché parisien. L’idée, initiée par Martine Denoyelle et Néguine Mathieux, aujourd’hui poursuivie par Cécile Colonna, est de continuer l’œuvre engagée par un savant franco-russe un peu oublié, Nicolas Plaoutine (1893-1942). Immense spécialiste des vases grecs, il avait scrupuleusement répertorié une série de ventes dans ses carnets manuscrits, recopiant systématiquement la date de la vente, le numéro et la description de l’objet, son acquéreur, son prix, et parfois sa localisation. C’est ainsi qu’il pouvait retracer l’itinéraire, redonner un contexte et…