Le Quotidien de l'Art

Les nouveaux enjeux des expositions de « scènes artistiques »

Les nouveaux enjeux des expositions de « scènes artistiques »
Pierre Joseph, Fondation Vincent van Gogh Arles, 2018. Œuvre présentée dans le cadre de l’exposition « Fondation Vincent Van Gogh Arles », DOC!, Paris, 2018.
Pierre Joseph est l'un des artistes de l'exposition "Futur, ancien, fugitif" au Palais de Tokyo.
Photo Aurélien Mole, 2017/Courtesy Pierre Joseph et Air de Paris/© Adagp, Paris, 2019.

Presque dix ans après « Dynasty », le Palais de Tokyo propose un nouveau panorama de la scène française. Comment établir une méthodologie décentralisée et des critères de sélection ? Est-il encore possible parler de « scènes » à l’ère des réseaux et de la mobilité des artistes ?

Il y a presque dix ans ouvrait l’exposition « Dynasty », panorama de la jeune « scène » artistique française (la règle était d'inviter des artistes de moins de 35 ans), qui réunissait de manière inédite les équipes du Palais de Tokyo et du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. « Nous avons organisé des réunions hebdomadaires pendant neuf mois, suite à un énorme prospection auprès de certains relais - enseignants d’écoles d’art, directeurs de centres d’art et de Frac, jeunes curateurs et artistes - qui nous a permis de récolter plus de 1000 dossiers, pour en retenir 300, avant de nombreuses visites d’atelier et rendez-vous », se souvient Anne Dressen, co-curatrice de la manifestation côté MAMVP. « Ce dont je me souviens le mieux, c’est d’une formidable dimension performative qui allait du concert-performance du groupe féministe de Pauline Curnier Jardin à l’invitation adressée par Alain Della Negra & Kaori Kinoshita à différentes communautés alternatives. Il y avait aussi le projet sonore de Laëtitia Badaut Haussmann sur l’histoire des sous-sols du bâtiment, utilisés pour stocker des pianos spoliés pendant l’Occupation. Nous avions d’ailleurs essayé, sans succès, d’ouvrir au public le passage souterrain entre les deux institutions ». Selon les curateurs, la période était marquée par le « devenir de l’homme-machine » et la « démultiplication du sujet » associée aux technologies, en parallèle d’une « résurgence des formes ancestrales » et une « réappropriation des mythes et légendes » – l’immense tapisserie d’un mammouth par Dewar & Giquel (un médium peu employé à l’époque) avait marqué les esprits. « Il était alors reproché aux institutions françaises de ne pas assez s’intéresser à la scène française, poursuit Anne Dressen. D’ailleurs, on a eu l’intention de refaire cet "état des lieux" avec le Palais de Tokyo de manière régulière, mais c’est resté sans suite ». L’exposition apparaissait comme une réponse à la très générationnelle Triennale du New Museum de New York (le titre, « Plus jeune que Jesus », ne laissait pas de doute) créée l’année précédente et marquée par le déferlement de la comète Ryan Trecartin (invité plus tard comme co-curateur d’une troisième triennale). Pourtant, ce jeunisme, avec le fossé que les technologies paraissaient avoir créé avec la génération précédente, allait être remis en question. 

Recréer des généalogies

Qu’est-ce qui a changé…

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Article issu de l'édition N°1799