Un Centre Pompidou « en travaux », c'est ainsi que Mathieu Potte-Bonneville, directeur du département Culture et création, a présenté jeudi 26 septembre devant la presse le programme de l'institution culturelle pour la saison 2019-2020. Des chantiers d'abord concrets : ceux du remplacement de la fameuse chenille qui donne son identité au bâtiment, de la piazza, qui devrait garantir plus d'accès et moins de files d'attente, et des réserves à Massy (Essonne) associées à un projet culturel en banlieue parisienne. Mais aussi des chantiers plus spirituels, notamment ceux qui seront à l'œuvre chaque mois à partir de janvier 2020 avec une revue parlée, Le Mensuel, qui devrait relayer « une parole précise » sur l'actualité de la culture, ainsi qu'une chronique du paysagiste Gilles Clément sur l'environnement. Un chantier de pensée qui prendra également la forme de séminaires menés par Paul B. Preciado sur une « nouvelle histoire de la sexualité » et les questions de genre, tandis que Bernard Blistène, directeur du musée national d'art moderne, évoquait la volonté d'augmenter le nombre d'œuvres de femmes dans la collection (aujourd'hui plafonnant à 17 %) grâce à un fonds d'acquisition spécial alimenté par la fondation Chanel – livrant ainsi cet effort essentiel au bon vouloir et à la communication d'un sponsor.
Caressant le secteur privé dans le sens du poil, le Centre Pompidou poursuit l'initiative Pompidou Accélérations et l'École Pro, qui font se rencontrer entreprises et artistes, et incite, avec Amplify, l'Ircam à vendre ses innovations technologiques aux entreprises. L'institution poursuit par ailleurs son expansion à l'international – son président Serge Lasvignes évoquant un « afflux de demandes ». L'antenne de Shanghai va ainsi ouvrir le 8 novembre, tandis que le contrat avec Malaga a été reconduit jusqu'en 2025 et un accord avec la Caixa prévoit de produire six expositions tournant dans ses « Forums » en Espagne. Une démultiplication qui interroge quand, quelques minutes plus tard, le président évoque la volonté de réduire l'empreinte carbone du Centre Pompidou...
Côté expositions, le musée tente de faire amende honorable sans atteindre la parité hommes-femmes avec des expositions Dorothy Iannone, Alice Neel, Hito Steyerl et Yuan Jai — aucune ne bénéficiant des plus prestigieuses galeries 1 et 2 au sommet du bâtiment, où l'on verra Christian Boltanski, Matisse et le couple Christo et Jeanne-Claude (en parallèle l'Arc de Triomphe sera empaqueté). Bernard Blistène insistant sur la notion d'« engagement », plusieurs expositions devraient aborder le temps présent : l'une sur la jungle de Calais avec Bruno Serralongue, l'autre « Chine - Afrique » traçant un lien (que l'on sait principalement économique et largement déséquilibré) entre deux supposés « Suds », et enfin « Global(e) Resistance » montrant des œuvres contemporaines « politiques » (Coco Fusco, Barthélémy Toguo, Teresa Margolles, LaToya Ruby Frazier, Abdoulaye Konaté, Otobong Nkanga...).