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Maëlyss Haddjeri - Le recueil d’anatomie de Bartolomeo Passerotti (1529-1592) : une possible reconstitution ?

Maëlyss Haddjeri - Le recueil d’anatomie de Bartolomeo Passerotti (1529-1592) : une possible reconstitution ?
Maëlyss Haddjeri.
DR.

Lors des journées européennes du patrimoine, l’Institut national d’histoire de l’art a accueilli, dimanche 22 septembre, dans la salle Labrouste, la présentation par 14 jeunes chercheurs de leurs travaux. Le prix des internautes, par un vote en direct après les allocutions des candidats, a récompensé Maëlyss Haddjeri. Voici la retranscription intégrale de son intervention.

Lors de mon Master à l’École du Louvre, j’ai réalisé un mémoire intitulé Le recueil d’anatomie de Bartolomeo Passerotti : une possible reconstitution ? Cette recherche, qui s’est déroulée au cours des deux dernières années, continue d’être au cœur de mes travaux actuels. 

Tout commence avec la lecture de la première biographie de l’artiste bolonais, Bartolomeo Passerotti, écrite par Raffaello Borghini, où est mentionnée l’existence de ce livre d’anatomie. À partir de cette information, j’ai alors commencé à analyser les dessins de Passerotti, dont une partie assez conséquente, une soixantaine de feuilles, concerne l’étude de l’anatomie humaine. L’idée était alors de pouvoir déterminer, parmi ces dessins, ceux qui auraient pu à un moment donné constituer un livre.  

Pour les désigner, j’ai d’abord analysé chaque étude anatomique, aujourd’hui dispersée dans plusieurs collections en Europe. Puis, à la suite de nombreux questionnements, j’ai proposé dix feuilles, qui devaient faire partie, selon moi, de ce livre. 

Tout au long de ce travail, j’ai justifié les raisons qui m’ont amenée à lier les feuilles entre elles. Un des principaux critères, sur lequel je me suis basée, a été celui de l’homogénéité, c’est-à-dire de l’uniformité de matériaux, de dimensions et de format des feuilles mais aussi de technique, de style et de typologie des dessins. Je me suis également appuyée sur d’autres éléments tels que la récurrence de notations inscrites sur différentes études et j’ai mis en évidence le rôle didactique, que devait détenir ce livre, dans l’atelier de Passerotti. 

À partir de ces éléments et avec d’autres auteurs, j’ai désigné le frontispice, c’est-à-dire la première page illustrée du livre, comme étant une feuille aujourd’hui conservée à la Bibliothèque universitaire de Varsovie. 

Même si je ne pense pas que nous connaissions l’intégralité des dessins qui devaient composer le recueil, j’ai proposé deux modes de présentations. À la suite du frontispice, le livre pourrait ainsi débuter avec des études de proportions du nu et terminer sur des travaux plus précis des membres et des articulations. À l’inverse, et en m’appuyant sur d’autres exemples, notamment, la présentation du manuel d’anatomie artistique de Francesco Cavazzoni (1559-1612), un des élèves de Passerotti, il pourrait s’organiser suivant une chronologie opposée, c’est-à-dire commencer par le particulier pour démontrer comment dessiner la figure en entier. 

Pour finir, je voudrais qualifier Passerotti comme étant un artiste savant, un humaniste, un collectionneur d’art, d’antiquités et d’objets de curiosité mais aussi un maître d’atelier important à Bologne, un professeur, dont l’enseignement témoigne d’un grand intérêt pour l’étude de l’anatomie au XVIe siècle. Il m’importe aujourd’hui de continuer à me questionner sur le rôle de l’apprentissage de l’anatomie au sein des ateliers et des académies du nord de l’Italie mais aussi du nord de l’Espagne. 

Article issu de l'édition N°1797