Un retour des mouvances esthétiques ? Après une génération d’artistes post-internet employant les codes visuels de l’entreprise et la fluidité des écrans, ce filtre lisse semble se briser pour laisser échapper du sang et un parfum de putréfaction. « Digital Gothic » réunit douze d’artistes (dont quatre issus de la célèbre école Städelschule de Francfort) autour de la résurgence du romantisme noir et de l’esthétique gothique. Pour le curateur Benoît Lamy de la Chapelle, le gothique du XIXe siècle était déjà une « fiction » fantasmée de l’époque médiévale, en réponse au rationalisme. Pour les « gothiques digitaux », internet fait cohabiter une myriade de sous-genres musicaux et vestimentaires (du cybergoth au healthgoth), prolongeant l’imaginaire du cinéma et des séries d’horreur. De la performance du duo New Noveta (inspiré des sorcières-vampires du folklore albanais) à celle de l’Estonienne Maria Metsalu en morte-vivante sortant d’une fontaine de sang, ou les dessins avec cathédrales gothiques et sportswear de David Rappeneau, ces artistes conscients des paradoxes du réseau (surveillance, fin de la vie privée), font ressurgir un érotisme trouble dans les zones d’ombre de l’industrie du « bien-être. »
« Digital Gothic », jusqu'au 29 Septembre au centre d’art la Synagogue de Delme.
cac-synagoguedelme.org